26 juin 2013 847 mots, 4 min. de lecture

Les startups High-Tech méritent-elles autant de support ? Quid des sociétés « Low-Tech » ?

Par Pierre-Nicolas Schwab Docteur en marketing, directeur de IntoTheMinds
Les startups High-Tech reçoivent beaucoup d’attention de la presse et des instances officielles : elles sont sexy, conçoivent des produits et services trendy et attractifs, sont généralement lancées par de jeunes type talentueux bardés de diplômes et sont de plus dans […]

Les startups High-Tech reçoivent beaucoup d’attention de la presse et des instances officielles : elles sont sexy, conçoivent des produits et services trendy et attractifs, sont généralement lancées par de jeunes type talentueux bardés de diplômes et sont de plus dans l’air du temps avec tout ce contenu informatique qui sied si bien à notre Société moderne. Le but de mon post d’aujourd’hui est de montrer que le côté sexy d’un projet et d’une entreprise ne doit pas nous faire oublier qu’il ya beaucoup d’autres entreprises dans les bas-fonds de la technologie, appelées sociétés « low-tech », qui méritent au moins la même sinon pas plus d’attention de ceux qui nous dirigent.

Low-Tech 2 – High-Tech 1

Laissez-moi tout d’abord commencer par quelques chiffres publiés par la Commission Européenne en 2012

La production High-Tech représente 2,3% des PME
La production Low-Tech représente 8,4% des PME
Les services High-Tech (assimilables aux services intellectuels) représentent 20,9% des PME
Les services Low-Tech (auxquels appartient le commerce de proximité par exemple) représentent 53,6% des PME

La Belgique fait partie des pays européens où le taux d’entreprises Low-Tech de production est le plus élevé ; en d’autres mots la Belgique (comme la France, UK, …) a un taux inférieur à la moyenne européenne en matière d’emploi dans la fabrication Hi-Tech. Cette sous-représentation s’étend aussi aux services. Toutefois (et c’est la raison pour laquelle les entreprises High-Tech attirent autant l’attention des politiques) les startups High-Tech dépassent allégrement les performances de leurs homologues du low-tech en termes de croissance et d’emplois générés par entreprise.

 

L’emploi dans le secteur du commerce en Belgique

Le secteur du commerce de détail et de gros représente 400 000 emplois et 300 000 travailleurs (en augmentation constante comme vous pouvez le voir sur le graphique ci-dessous aimablement fourni par Comeos). En 2012 le secteur du commerce affichait un total de 36.700 postes vacants

Avec de tels chiffres ne semble-t-il pas logique de soutenir le secteur Low-Tech au moins autant que celui du High-Tech. Pour achever de vous convaincre voici quelques autres faits qui devraient enfoncer le clou.

employment belgium retail sector emploi secteur commerce belgique

 

Pourquoi fait-on faillite ?

Nathalie Crutzen (Université de Liège) a recensé trois causes de faillites au terme d’un programme de recherche qui l’a amené a travailler avec le tribunal de commerce de Liège pour étudier les PME en voie de liquidation judiciaire. Son constat est tout à fait alarmant :

28% des entreprises ont fait faillite pour des raisons de management stratégique : il s’agissait par exemple d’un manque d’alignement entre l’entreprise et son environnement, d’un manque d’anticipation de changements sociétaux ou technologiques, ou plus simplement à cause de produits/service inadaptés aux besoins des clients

46% des entreprises ont fait faillite pour des raisons de management opérationnel : mauvaise gestion financière / comptable, mauvaise gestion du personnel, mauvaise gestion de projet

26% des entreprises cumulaient des déficiences dans les deux catégories

 Qui fait faillite ?

D’après une étude de l’INSEE sur le taux de survie des entreprises, ce sont les secteurs du commerce et de la construction qui ont les plus faibles chances de survie (45% et 47% respectivement dans les 5 ans). Les services intellectuels aux entreprises (B2B) sont les moins touchés (58%). Il en résulte donc que le Low-Tech paie de nouveau le plus lourd tribut.

Mais ce que l’étude de l’INSEE révèle également c’est que toutes choses étant égales par ailleurs, les entreprises créées par des titulaires d’un diplôme universitaire de 3ème degré ont deux fois plus de chances de survie que les entreprises démarrées par une personne sans diplôme.

 

Conclusion

Le secteur du low-tech compte deux fois plus d’entreprises que le secteur high-tech. Le secteur du commerce représente à lui seul plus de 50% des PME.
Le secteur low-tech a le taux de survie le plus faible de toutes les catégories de PME : les secteurs du commerce et de la construction ne dépasse pas la barre des 50% à 5 ans.
Enfin les statistiques montrent que le bagage intellectuel du chef d’entreprise a un effet direct sur la survie de son entreprise.
La question est donc la suivante: les décideurs publics, toujours à la recherche de lumière médiatique et de success stories sexy, sont-ils prêts à laisser de côté leurs propres intérêts pour donner au secteur Low-Tech le même soutien qu’au High-Tech ? Il s’agit pour ces mêmes décideurs d’un choix cornélien puisqu’il leur faudra accepter de sauver des emplois ce qui, vous me l’accorderez, demeure moins visible que de participer à la création de nouveaux postes. Au final il s’agit de faire primer l’intérêt de la collectivité au détriment du sien. Dur, dur …

 



Publié dans Entrepreneuriat, Innovation.

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