J’avais commencé 2015 avec un billet intitulé « Et si on parlait d’Amour« , histoire de rappeler que tout ne va pas mal et que certains ont de belles idées qu’il faut diffuser. Seulement 48 heures après que ce billet a été publié, les attaques terroristes commençaient à Paris. Je dois admettre que je me sentais tellement abattu mercredi et les jours qui ont suivi que je n’avais plus aucune énergie pour écrire. A quoi bon d’ailleurs.
Comment aurais-je pu encore quoi que ce soit sur un sujet tellement secondaire comme le marketing, alors que des événements de cette gravité nous affectaient tous dans notre chair ?
J’ai voulu consacrer modestement ce premier billet aux 17 victimes des trois attaques.
J’ai trouvé l’inspiration dans les débats qui ont eu lieu cette semaine au sujet des raisons qui ont poussé des gens, nés en Europe, à perpétrer des attentats terroristes loin des champs de bataille du Moyen-Orient.
Les politiciens ont trouvé des explications diverses dans l’éclatement du noyau familial, les mauvaises rencontres faites en prison et la radicalisation qui s’en est suivie. Il y a malheureusement peu de choses à faire contre les tensions entre parents, les divorces qui s’en suivent et les enfants qui en deviennent les victimes; je pense qu’il y a beaucoup plus à dire sur la seconde raison, à savoir le chemin vers le radicalisme.
La quête d’un but dans la vie
Ce que cela m’inspire, c’est que le chemin vers le radicalisme a aussi quelque chose à voir avec la société dans laquelle nous vivons et ce que nous en avons fait. Dans les années ’60 et ’70, le radicalisme a conduit les jeunes (parmi eux certains certains des politiciens d’aujourd’hui) à croire au communisme. Aujourd’hui, la rébellion est bien sûr un état d’esprit encore bien présent mais le résultat est parfois un niveau de violence sans précédent. On peut émettre l’hypothèse qu’il y a 30 ou 40 ans, notre société était encore en mesure de calmer ces ardeurs. Le travail, les aspirations qu’il procurait étaient en mesure de faire trouver aux membres de la société le bonheur. Le bonheur de contribuer, le bonheur de fonder une famille, bref le bonheur de servir à quelque chose. Et mieux encore, il y a 30 ou 40 ans notre société respectait ses promesses d’égalité en distribuant à chacun un peu de ces graines de bonheur.
L’inégalité conduit à la révolte
La société d’aujourd’hui n’a jamais été aussi inégale. Jetez un œil à ce que les économistes les plus éminents en disent (Stiglitz et Piketty en tête). Un monstre, bientôt incontrôlable, a été créé qui « mange » la plus grande partie de la population au profit de quelques nantis. La classe moyenne, qui était le fondement même d’une société optimiste, est en train de disparaître et avec elle, les germes du bonheur.
Ce que je veux souligner, c’est que cet écart entre les riches et les pauvres crée des frustrations incroyables parmi la population. Frustrations bien sûr aggravées par les dérives de la société de consommation. Parmi nos concitoyens frustrés et malheureux de tant injustice, un petit nombre (fort heureusement) est ensuite conduit à rechercher de nouvelles façons de donner un sens à la vie. Et le résultat est ce que nous avons vu la semaine dernière.
Les profits, toujours plus de profits
Je l’ai expliqué à maintes reprises dans des billets précédents : je suis assez pessimiste quant à l’évolution de notre société. Des lectures récentes (Le Capital au XXIème siècle de Piketty notamment) ne me donnent pas matière à changer d’avis. Je suis toujours très inquiet.
Je vois des entreprises qui concentrent leurs efforts sur l’amélioration de la rentabilité financière et négligent tous les autres indicateurs (pour faire plaisir aux actionnaires); je vois des entreprises prendre des décisions qui ont des conséquences humaines terribles; je vois des dirigeants prendre des décisions à court terme pour augmenter leurs bonus. Ces décisions à court-terme bénéficient à quelques-uns en haut et ceux d’en bas en deviennent les victimes à long terme. Les organisations doivent certes être gérées par un nombre limité de personnes mais laissez-moi m’interroger : comment le sort et le destin d’autant de personnes peut-il être dépendant des décisions plus ou moins éclairées de quelques uns ?
Une nouvelle classe d’entrepreneurs peut-être en train d’émerger
La polarisation de notre société peut cependant avoir un avantage à long terme. Avec tant de personnes sans emploi et l’augmentation de la pauvreté, nous pouvons assister à l’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs. Ma génération, née dans les années ’70, a grandi avec la conviction que l’équation « Une Entreprise = Une carrière » était révolue. Les nouvelles générations (X, Y) peuvent effectivement croire à une flexibilité totale. Chacun d’entre nous deviendrait un auto-entrepreneur vendant ses compétences à un nouvelle forme d’entreprises, plus petites, plus flexibles, plus agiles, qui utiliseraient les compétences ad hoc lorsqu’elles en ont besoin. Certaines compétences seraient encore nécessaires en permanence, d’autres plus occasionnellement.
Qu’en pensez-vous? Croyez-vous encore dans notre société?
Que pensez-vous, les lecteurs, effectivement de notre Société? Croyez-vous encore en elle? Pouvons-nous changer encore? Sera-t-elle encore là dans 100 ans?
Prenez un moment pour réfléchir à la lumière de l’événement de la semaine dernière et envoyez-moi un email. Levez-vous et partagez vos pensées.
Photo : copyright Brian Talbot via Flickr
Publié dans Marketing.