3 février 2020 1247 mots, 5 min. de lecture Dernière mise à jour : 9 novembre 2020

[Podcast] Comment disrupter un marché : l’exemple de Pipplet

Par Pierre-Nicolas Schwab Docteur en marketing, directeur de IntoTheMinds
L’innovation radicale, la disruption comme on dit en anglais, est le Graal absolu pour tous les entrepreneurs. C’est la promesse (ou en tout cas l’espoir) d’une entrée fracassante sur le marché et de la capture d’un maximum de valeur. Le […]

L’innovation radicale, la disruption comme on dit en anglais, est le Graal absolu pour tous les entrepreneurs. C’est la promesse (ou en tout cas l’espoir) d’une entrée fracassante sur le marché et de la capture d’un maximum de valeur. Le phénomène de l’innovation de rupture a notamment été étudié par Clayton Christensen (Université d’Harvard) qui a montré que les entreprises qui arrivaient avec ce type de produits raflaient la mise et faisaient disparaître les dinosaures du marché. C’est tout le mal que nous souhaitons à Pipplet, une start-up co-fondée par Baptiste Derongs, dont il est question dans ce podcast. Pipplet propose un système d’évaluation du niveau de langue étrangère qui casse les codes en vigueur jusqu’à présent et apporte une vraie plus-value aux entreprises clientes. C’est aussi un projet qui, malgré une composante technologique certaine, n’en reste pas moins basé sur des compétences humaines. Dans ce podcast on ne parlera donc pas d’intelligence artificielle.

L’idée de Pipplet part d’un constat simple fait par 3 Français expatriés à Londres : le niveau de langue étrangère est souvent insuffisant pour évoluer correctement dans le milieu professionnel. Les certifications classiques (TOEIC, TOEFL) ne sont donc pas des indicateurs fiables.

Nous vous livrons ci-dessous une analyse des grandes idées à retenir de ce podcast (ce qui ne doit pas vous empêcher de l’écouter en entier bien sûr).

Sommaire

 

A retenir

  • la composante technologique n’est pas forcément une condition sine qua non pour réussir
  • les facteurs humains (dans le cas de Pipplet la constitution d’un réseau de collaborateurs) peuvent constituer un avantage concurrentiel (sous la forme de barrière à l’entrée suivant l’analyse des 5 forces de Porter)
  • un test informel de votre idée auprès d’experts et de clients potentiels est une première étape simple dans votre étude de marché

Dans cet entretien Baptiste Derongs revient avec Pierre-Nicolas Schwab sur la genèse de l’idée, les défis marketing et entrepreneuriaux qu’il a eu à traverser avec son équipe, et les perspectives d’avenir pour Pipplet.

Genèse de l’idée

Baptiste DerogsL’idée du produit vient d’une constatation de terrain, comme souvent dans le monde des start-ups. On commence par repérer un « customer pain » (en l’occurrence des niveaux de langue bien insuffisants pour être efficaces en entreprise malgré les certifications classiques du type TOEFL ou TOEIC). Ensuite on réfléchit à une solution et on la laisse mûrir (plusieurs années quand même dans le cas de Pipplet).

 


Test de l’idée

Le test de l’idée c’est le moment où mettre en place des techniques d’étude de marché. Et dans le cas de Pipplet c’est un test informel auprès des experts du secteur qui a été réalisé. Cela correspond à l’étape 2 de notre méthode d’étude de marché. Comme l’explique Baptiste Derongs :

« au fur et à mesure que l’idée a un peu mûri, on a commencé à aller interroger effectivement des personnes qui travaillent dans le domaine des RH, dans le domaine de la formation professionnelle. […] Est-ce que c’est un sujet ? Est-ce que vous êtes contents des moyens que vous avez pour évaluer [les niveaux de langues] ? »

Une solution qui a mis du temps à ce construire

Ce qui est remarquable dans l’histoire de Pipplet. c’est que l’émergence de la solution a été longue. La phase de maturation de l’idée a été particulièrement longue (sans doute à cause des occupations professionnelles respectives de différents cofondateurs et de leurs parcours en dehors du secteur dans lequel ils se projetaient). Ce sont près de 2 ans qui se sont écoulés entre la création de la société et la mise sur le marché de leur plateforme.

« On a créé l’entreprise en 2015, l’activité commerciale a vraiment commencé à prendre plutôt en 2017 et finalement, c’est aussi un contexte où la légitimité et l’intérêt de notre certification viennent avec le temps et le fait que depuis maintenant cinq ans, on fournit des certifications à de plus en plus d’entreprises. De fait, notre certification c’est de plus en plus de valeur et de plus en plus de légitimité. C’est un petit peu ce processus-là aussi qu’on a dû suivre avec les entreprises, avec nos clients. »

La réception de la solution par le marché

On ne répétera jamais assez qu’une manière très pragmatique de faire une étude de marché, c’est tout simplement d’aller « vendre » son idée (comme si elle existait déjà) à ses futurs clients. C’est un moyen simple de détecter la « traction » sur le marché et d’évaluer ses chances de réussite.

Cette traction du marché, ces attentes des entreprises, les cofondateurs de Pipplet ont pu les sentir en allant sur le terrain. Et comme souvent les prospects n’ont pas tout de suite reconnu leur besoin. Voici comment Baptiste Derongs relate cette démarche de prospection dans le podcast :

« On a eu plusieurs cas. On a eu des entreprises qui, effectivement, étaient très conscientes dès le départ de leur souci et de l’hétérogénéité de leur recrutement sur le niveau en langues, et des entreprises qui cherchaient vraiment directement un outil objectif et standardisé. On a eu des entreprises qui nous ont répondu de prime abord +Non, il n’y a pas de souci. Nous, on sait évaluer et il n’y a pas de problème+; et qui, finalement, au fur et à mesure où ces entreprises se sont internationalisées ou ont structuré leur processus de recrutement, en sont venues à se dire que effectivement, l’évaluation du niveau de langue, c’était quelque chose qui était fait de manière un peu artisanale et qui avait besoin d’être professionnalisé. »

Peut-on réussir sans intelligence artificielle ?

A l’heure où beaucoup des projets qui nous sont présentés, ou qui font la une des journaux, incluent l’intelligence artificielle, on peut légitimement se poser la question. Une question encore plus pertinente d’un point de vue marketing et stratégique est la suivante : la composante technologique sert-elle vraiment la valorisation de mon entreprise ?

Admettons-le, les start-ups sont nombreuses qui essayent absolument de placer de « l’intelligence artificielle » dans leur discours sans que cela recouvre une réalité tangible. Mettre une once de Speech-to-Text, se connecter à une API ou, pire encore, écrire quelques lignes de codes, ne suffit pas pour revendiquer cette étiquette. Il vaut parfois mieux avoir des bases saines, exemptes d’artifices technologiques à la mode, pour croître et prospérer. C’est exactement ce qui me plaît dans le business model de Pipplet. La force de l’entreprise c’est son réseau d’experts certificateurs et la pertinence de ses tests de langue. C’est là que résident la vraie valeur ajoutée et l’avantage concurrentiel. En réalisant une étude des 5 forces de Porter (je vous remets notre cours ci-dessous) cela permet d’identifier immédiatement que les tests et le réseau (en bref, la méthode) sont LA barrière à l’entrée pour d’éventuels concurrents.

Pour écouter l’ensemble de nos podcasts, rendez-vous sur cette page. Et si vous voulez en savoir plus sur l’innovation, n’hésitez pas à consulter cette page et la vidéo qu’elle contient.

Images d’illustration : Baptiste Derongs, shutterstock

 



Publié dans Divers.

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