24 juin 2020 2009 mots, 9 min. de lecture Dernière mise à jour : 6 novembre 2023

Véhicules électriques : étude du marché, ventes, covid-19

Par Pierre-Nicolas Schwab Docteur en marketing, directeur de IntoTheMinds
Les constructeurs automobiles se plient à l’exercice de la production de véhicules électriques qui gagnent de plus en plus de part de marché. Contre les géants chinois et américains (pour ne nommer que Tesla), comment réagit l’industrie de l’automobile en […]

Les constructeurs automobiles se plient à l’exercice de la production de véhicules électriques qui gagnent de plus en plus de part de marché. Contre les géants chinois et américains (pour ne nommer que Tesla), comment réagit l’industrie de l’automobile en Europe ?

Dans cet article, nous vous détaillons le marché européen, les freins à la croissance des ventes de véhicules électriques et surtout les impacts de la crise du covid-19.

Sommaire

Contactez l’agence d’études de marché IntoTheMinds

Les chiffres clé du marché de l’automobile électrique

  • > 1 million de voitures électrifiées (électriques ou hybrides) vendues dans le monde en 2018
  • 30% : la  valeur de la batterie par rapport à l’ensemble d’un véhicule électrique
  • 100 000 bornes de charge en France d’ici à 2022
  • 1,8 milliards d’euros est la somme publique dédiée à la création d’une filière franco-allemande de construction de batterie
  • 40 milliards d’euros d’investissements dans l’électrique sur les 3 prochaines années sont prévus pour le groupe Volkswagen
  • +25% d’émissions CO2 mesurées par la nouvelle norme d’homologation des véhicules WLTP
  • 1,18% du parc automobile belge est constitué de voitures électriques et hybrides
  • > 400 000 immatriculations de véhicules électriques en Europe


Impact du Covid-19 sur le marché

Entre la nouvelle norme WLTP (Worldwide Harmonised Light Vehicle Test), les rencontres et salons de l’automobile mis sur pause le temps du confinement, l’industrie automobile se porte mal. En effet, les conséquences de la nouvelle norme WLTP pèsent sur les mesures d’émissions de CO2 et donc sur les malus et les taxes, notamment en ce qui concerne les véhicules de société. Les professionnels sont donc particulièrement touchés par ces nouvelles mesures et ses impacts fiscaux, ce qui ne facilite en rien leur résistance face à la crise du covid-19.

Comme c’est le cas des véhicules à moteurs thermiques, les électriques voient leur taux d’immatriculations baisser considérablement. En mars 2020, les achats automobiles des entreprises sont réduits de près de 64% par rapport à mars 2019. La fermeture des concessions automobiles, les reports de salons, etc., ont bien entendu un fort impact sur les ventes auprès de particuliers comme auprès d’entreprises. En France, plus d’¼ des voitures neuves sont vendus à des professionnels, entreprises ou organisations.



Pourquoi des voitures électriques : les contraintes en matière de CO2

Considérées comme un enjeu crucial pour le climat, les nouvelles normes en matière de CO2 au niveau européen chamboulent le marché de l’automobile.
Adoptées par le conseil de l’Union européenne, ces  normes prévoient qu’à partir de 2030, les nouvelles voitures et les nouvelles camionnettes émettent en moyenne respectivement 37,5% et 31 % de moins de CO2 qu’en 2021. Sur la période de 2025/2029, les émissions devront diminuer de 15 %. Un effort réparti entre les constructeurs sur base de la masse moyenne de leur parc automobile.

En outre, les mesures des émissions de CO2 sont elles aussi revues au goût, mais surtout à la réalité, du jour. En effet, les tests NEDC (New European Driving Cycle) des années 80 ont été revus par l’Union Européenne afin de mieux coller aux nouvelles conditions de conduite et du trafic ainsi qu’en fonction des avancées technologiques. De nouveaux tests sont en vigueur : les WLTP (Worldwide Harmonised Light Vehicle Test) et des restrictions sur les véhicules neufs vendus dont les émissions devront être inférieures à 95 g/km (normes CAFE : Corporate Average Fuel Economy) en 2020. En cas de non-respect de cette règle, les constructeurs automobiles feraient face à de lourdes amendes. De quoi mettre au pas les constructeurs en question dont la plupart ont d’ailleurs largement anticipé.

Le WLTP (Worldwide Harmonised Light Vehicle Test)

L’industrie automobile doit se plier à cette nouvelle série de tests d’homologation des véhicules ayant pour but d’évaluer de manière plus efficace et réaliste les points suivants :

  • consommation de carburant
  • émissions de CO2
  • émissions de polluants
  • valeurs de consommation énergétique des groupes motopropulseurs alternatifs

Cette série de tests remplace les tests NEDC qui se basaient sur des conditions de route hypothétiques et surtout théoriques ne correspondant pas – ou du moins plus – à la réalité. Le WLTP vise donc à analyser ces données selon une expérience de la route réelle et selon de nombreux critères :

  • la vitesse : basse, moyenne, grande, très grande
  • la conduite par phases : arrêts, accélérations, freinage
  • le modèle : du plus économique au moins économique

L’objectif est d’offrir un set de tests utilisable dans le monde entier afin de standardiser ces derniers, d’aider à la compréhension de tout un chacun.

Cette nouvelle norme, définie pour mieux coller aux conditions de route réelles, fait grimper en flèche les données de CO2 (+25% en moyenne). Le Figaro explique que les conséquences fiscales sont considérables, notamment pour les professionnels, puisque le malus et la taxe sur les véhicules de société (TVS) s’en trouvent impactés, ce qui “représente 20% du coût d’utilisation d’un véhicule d’entreprise”, contre 13% pour le carburant. Les bonus sont quant à eux revus et seront attribués aux véhicules émettant moins de 20g de CO2 (véhicules électriques) et sera divisé de moitié, passant de 6 000 euros à 3 000 euros.

De nombreux acteurs de l’industrie automobile l’ont bien compris : afin de rester en-dessous des seuils en matière d’émissions de CO2, l’électrique est roi. D’ailleurs, les différentes villes d’Europe ont elles aussi imposé leur réglementation en matière d’émissions de CO2. En France, une vignette permet aux conducteurs d’accéder ou non à certaines zones en fonction de la pollution. En Belgique ainsi qu’en Allemagne, de nombreuses villes adoptent les “zones à basses émissions” avec des restrictions allant de certains modèles les plus polluants à l’interdiction pour les non-résidents de circuler.



Le marché européen de l’électrique

Au niveau européen, l’ACEA (European Automobile Manufacturers Association) recense ainsi la répartition des carburants pour les véhicules particuliers pour 2019 :

Véhicules particuliers neufs (Europe, 2019) : 59% essence, 31% diesel, 6% hybrides, 3% électriques.

En comparaison, les véhicules de particuliers neufs immatriculés en 2018 étaient à 57% des moteurs à essence contre 36% roulant au diesel. Les Européens achètent de moins en moins de voitures au diesel et se redirigent vers les moteurs à essence. Les hybrides passent également de 4% en 2018 à 6% en 2019. Légère croissance également pour les véhicules électriques (2% en 2018 contre 3% du marché en 2019).

En comparant les ventes effectuées auprès de particuliers en France en 2019 et les immatriculations de véhicules neufs en Belgique en 2019, une tendance similaire se détache : les consommateurs privilégient les moteurs thermiques à essence et de plus en plus se tournent vers les voitures électriques.

Comparaison carburants des véhicules en France et en Belgique en 2019. En France : 58% essence, 34% diesel, 6% hybrides, 2% électriques. En Belgique : 53% essence, 39% diesel, 5% hybrides, 2% électriques

Au niveau mondial, la Chine et les Etats-Unis sont les deux pays disposant des plus gros stocks de voitures électriques au monde
Au Pays-Bas, les voitures électriques représentent près de 8% des parts de marché avec une croissance de +122% entre le premier semestre 2018 et le premier semestre 2019.

Nombre de véhicules électriques (Top 7 : Chine, USA, Allemagne, Norvège, France, Angleterre, Pays-Bas)

Top 7 des parcs automobiles électriques

L’Allemagne, qui a toujours été relativement en retard par rapport aux acteurs mondiaux et européens en ce qui concerne l’électrification des véhicules, remonte dans le classement avec +41% de ventes sur le premier semestre 2019 par rapport au premier semestre 2018. En effet, le groupe Volkswagen se lance réellement dans l’électrique. La marque Audi fait notamment fabriquer des batteries dans son usine de Bruxelles dans le but d’amorcer la transition et contrer les acteurs du marché ayant largement anticipé leur passage à l’électrique tels que Tesla, Renaut, Nissan…
En France, la part des véhicules électrifiés vendus au premier trimestre 2019 correspondait à 7% contre 17% pour début 2020.



Les batteries : le nerf de l’électrique

Alors que le marché asiatique reste le numéro un en termes de batteries, l’Europe cherche sa place également. Les différents groupes de l’industrie automobile font notamment de gros investissements en R&D pour élargir leurs offres électrifiées (véhicules électriques et hybrides). Les gouvernements (notamment français et allemand) mettent également la main à la poche pour soutenir et entretenir le passage à l’électrique en Europe.

Projet en 4 temps en France

Le gouvernement français a annoncé début 2019 un plan en 4 phases qui devrait profiter au marché de l’automobile électrique en Europe.

  1. La France et l’Allemagne s’allient autour de la création d’une filière européenne de la batterie avec un soutien financier de 700 millions d’euros du côté français et de 1,12 milliard d’euros côté allemand.
  2. Transparence sur le montant des bonus écologiques jusqu’à 2022.
  3. Adaptations des infrastructures avec un objectif de 100 000 bornes de charge sur le territoire français d’ici 2022 (25 000 bornes en 2019)
  4. Incitations financières et réglementaires quant à l’emplacement des bornes de charges (individuelles, en copropriétés, dans les entreprises, etc.)


Les freins à l’expansion de l’électrique

  • Les infrastructures restent peu adaptées aux véhicules électriques. En effet, ces derniers requièrent de pouvoir être rechargés, ce qui n’est pas possible dans tous les potentiels points de chute des consommateurs.
  • Les questions autour de l’autonomie des véhicules électriques et hybrides sont également dans la tête de nombreux consommateurs. A cela s’ajoute bien entendu le point précédent relatif aux recharges.
  • Le prix demeure également un frein certain pour certains utilisateurs. La marque Peugeot mise sur l’utilisation à prix réduit pour contrebalancer le prix d’achat élevé des voitures électriques ou hybrides. Le groupe PSA affirme d’ailleurs en 2019 commencer sa démarche vers l’électrification systématique de tous les nouveaux modèles produits d’ici 2025.

« Pour se rendre compte du coût total d’un véhicule, il ne faut pas juste regarder le prix d’achat, mais prendre aussi en compte le coût de l’énergie (électricité ou carburant), l’assurance et l’entretien du véhicule. Avec une voiture électrique Peugeot, profitez d’un gain moyen de consommation de 40% et d’une maintenance jusqu’à 30% moins chère que pour un véhicule thermique. »

(Présentation de la gamme de véhicules électriques Peugeot sur leur site web)

Conclusion

L’industrie de l’automobile rencontre de nombreuses difficultés en ce début d’année 2020, entre les nouvelles normes à respecter, les réglementations mises en place et, comme c’est le cas pour de nombreux secteurs et beaucoup d’entreprises, le coronavirus. Ces nouvelles régulations ainsi que les initiatives prises par les gouvernements se dirigent, en tout état de cause, vers l’électrification des véhicules.

Sources

Illustrations : shutterstock



Publié dans Recherche.

Donnez votre avis

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *