Télétravail : les employés trichent-ils ? [Etude]

Dans cet article nous vous présentons les résultats d’un sondage que nous avons effectué auprès d’employés pratiquant le télétravail. Les résultats montrent que la triche est une pratique assez répandue.

Télétravail : les employés trichent-ils ? [Etude]

Depuis la démocratisation du télétravail au lendemain de la crise sanitaire, nombre d’entreprises s’interrogent sur ses effets concrets sur la productivité, l’innovation et surtout sur la manière dont les salariés rendent compte de leur activité. Car derrière l’image du télétravailleur autonome se cache une réalité plus nuancée. Entre contrôle inefficace, déclaration d’heures non prestées et obligations professionnelles assouplies, comment s’assurer de la rigueur des pratiques des télétravailleurs ?

Après notre sondage sur la Génération Z, nous nous sommes intéressés à une autre facette du monde des Ressources Humaines : le télétravail. Nous avons voulu comprendre dans quelle mesure les déclarations d’heures prestées en télétravail étaient fidèles à la réalité. Quelles sont les différences d’une génération à une autre ? Quels outils de contrôle du temps de travail sont les plus efficaces ? Notre analyse met en lumière des contradictions qui nous invitent à repenser la notion même de contrôle dans le cadre du travail à distance. Vous retrouverez notre étude complète en téléchargement à la fin de cet article.

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Télétravail et triche : les chiffres clés

  • Plus d’1/3 des entreprises ne mettent en place aucun dispositif de contrôle des heures prestées en télétravail. La génération Z est la plus souvent soumise à un contrôle via un logiciel ou une application mobile.
  • 52 % des salariés font du télétravail 2 à 3 jours par semaine. Ceux qui télétravaillent 4 jours par semaine sont les moins rigoureux dans la saisie des heures et respectent moins leurs obligations de temps de travail.
  • Les millennials et la génération Z reconnaissent déclarer plus d’heures que celles qu’ils ont réellement prestées :
    • 37% des millennials et 31% de la génération Z le font souvent
    • 31% des millennials et 32% de la génération Z le font toujours.
  • Plus de 30 % des télétravailleurs contrôlés via un logiciel ou une liste Excel déclarent toujours plus d’heures que celles qu’ils ont réellement prestées. Plus de la moitié de ceux contrôlés via une application mobile le font souvent.

Dispositifs de contrôle et autoévaluation

De manière générale, lorsqu’un contrôle des heures prestées en télétravail est mis en place dans les entreprises, il se fait via un logiciel ou via une application mobile sur laquelle l’employé doit enregistrer ses heures. Notons toutefois que dans plus d’un tiers des cas, aucune forme de contrôle n’est implémentée. Les employés n’ont donc pas d’enregistrement à fournir à l’employeur. En ce qui concerne les différences d’une génération à une autre, la génération Z se trouve être la plus contrôlée, par le biais d’un logiciel ou d’une application mobile.

Nous pouvons nous interroger sur la rigueur avec laquelle un télétravailleur aura tendance à veiller à ce que la saisie du temps de travail soit correcte. Autrement dit, à quel point le nombre d’heures qu’il rapporte sur les dispositifs de contrôle sera fidèle à la réalité des heures qu’il a prestées durant sa journée ? Il est intéressant de constater que les millennials sont les plus nombreux à estimer être d’une grande rigueur à cet égard.

Plus de la moitié de nos répondants (52%) font du télétravail 2 à 3 jours par semaine (chiffre en ordonnées sur le graphique ci-dessus). Ils appartiennent à une catégorie qu’on pourrait qualifier de « télétravailleurs modérés ». Or, nous observons que de manière générale, le nombre de jours de télétravail n’a pas d’incidence sur l’appréciation qu’ont les employés de leur propre rigueur dans la saisie des heures. La seule exception sont les employés qui font très souvent du télétravail (4 jours par semaine). Ceux-là, contrairement aux autres et même à la différence des télétravailleurs absolus (5 jours par semaine), déclarent être juste « assez rigoureux ». Il en va de même en ce qui concerne les obligations en matière de temps de travail. Ce sont encore une fois ces télétravailleurs très réguliers qui se trouvent être moins enclins à les respecter, alors même que les télétravailleurs absolus les respectent tout autant que les autres.

La question peut aussi être abordée dans l’autre sens, en demandant aux télétravailleurs à quelle fréquence ils déclarent des heures supérieures à celles qu’ils ont effectivement presté. Les résultats sont éloquents : 37% des millennials et 31% de la génération Z reconnaissent que cette pratique est fréquente. Dans le même temps, près d’un tiers des millennials (31,62%) et de la génération Z (32,93%) admettent que leurs déclarations sont toujours faussées. Ces aveux viennent directement infirmer la rigueur rapportée précédemment par ces mêmes groupes.

Les raisons qui amènent les télétravailleurs à produire délibérément de fausses déclarations sur leurs heures de télétravail sont diverses. Les obligations personnelles et les affaires familiales se retrouvent en tête de liste, suivis par la récupération d’heures non payées. Nous n’observons pas de grande différence d’une génération à une autre. Mais nous notons toutefois un pourcentage légèrement plus élevé chez les femmes pour ces deux principales raisons.


Aucune des méthodes de contrôle envisagées n’est assez contraignante que pour empêcher les télétravailleurs de déclarer des heures supérieures à celles qu’ils ont effectivement prestées.


Excel, appli, logiciel… pas de quoi freiner les déclarations gonflées !

Près d’un tiers (30,77% à 31,79%) des employés qui doivent enregistrer les heures prestées dans une liste Excel ou via un logiciel reconnaissent qu’ils déclarent toujours plus d’heures que celles qu’ils ont réellement prestées. Plus de la moitié des employés qui enregistrent les heures via une application rapportent souvent un nombre d’heures supérieur. Il apparaît qu’aucune des méthodes de contrôle envisagées n’est assez contraignante que pour empêcher les télétravailleurs de déclarer des heures supérieures à celles qu’ils ont effectivement prestées.

Pourtant, comme nous venons de le voir, les répondants déclarent en majorité être rigoureux voire très rigoureux dans la saisie correcte du temps de travail. Dans le même temps, ils reconnaissent déclarer des heures supplémentaires à une grande fréquence. Ce décalage soulève une question essentielle : les heures de travail sont-elles réellement enregistrées avec assez de rigueur ou la tendance à manipuler ces déclarations reste-t-elle malgré tout dominante ? Un paradoxe qui nous montre que la question de la fiabilité des heures enregistrées mérite d’être davantage creusée.

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Quid de la génération Z ?

La génération Z se distingue par le fait qu’elle gère plus souvent ses affaires personnelles en télétravail. Cette pratique est plutôt rare et occasionnelle pour la génération X.

Ces plus jeunes télétravailleurs nés à partir de 1997 sont également plus nombreux à admettre qu’ils ne respectent pas leurs obligations en matière de temps de travail lorsqu’ils sont en télétravail. Avec les millennials, ils affirment par ailleurs prendre plus de pauses en télétravail que lorsqu’ils sont au bureau.

En revanche, là où la génération Z surpasse ses aînés directs, c’est bien dans le temps passé à consulter les réseaux sociaux durant les heures de télétravail, supérieur à celui qu’ils allouent à cette activité quand ils se trouvent au bureau.


Là où la génération Z surpasse ses aînés directs, c’est bien dans le temps passé à consulter les réseaux sociaux durant les heures de télétravail


Profil des répondants : pertinence des baby-boomers

Bien que nos analyses comprennent une distribution des répondants par génération pour l’ensemble du questionnaire, nous avons fait le choix d’exclure les baby-boomers (61 ans à 79 ans) de nos interprétations en raison de leur très faible présence dans notre échantillon (4,23%) .Un groupe comme celui-ci, qui se rapproche de plus en plus de l’âge de la retraite, n’est plus aussi pertinent pour pouvoir être comparé avec les générations suivantes en ce qui concerne leur comportement en télétravail.

Les millennials, quant à eux, sont les plus représentés dans notre échantillon (39,95%), suivis par la génération X (31,73%). La génération Z représente à elle seule près d’un quart de notre échantillon (24,09%).

Travail intensif, déclarations floues : une nouvelle norme ?

L’évaluation que font les télétravailleurs de leur productivité en télétravail par rapport au travail de bureau est nettement positive. Toutes générations confondues, la grande majorité des répondants constatent que leur productivité est supérieure en télétravail à ce qu’elle pourrait être en présentiel.

Dans le même ordre d’idées, les télétravailleurs (millennials en particulier) déclarent travailler plus intensément en télétravail qu’au bureau. Ce sentiment de productivité réduirait-il la propension à déclarer des heures non prestées ? Ou au contraire, les fausses déclarations seraient-elles le fait des télétravailleurs les plus efficaces, capables d’accomplir plus en moins de temps et donc plus tentés de dissimuler leurs périodes d’inactivité ? Nos résultats nous poussent à considérer la seconde option, puisque ce sont bien les profils qui s’identifient comme étant les plus productifs qui reconnaissent dans un même temps déclarer des heures télétravaillées supplémentaires.

À l’heure où le télétravail s’installe durablement dans nos modes d’organisation, il devient indispensable de questionner la fiabilité des outils de suivi du temps de télétravail et, plus largement, les formes que peut prendre le contrôle dans un contexte de travail à distance. Il ne s’agit pas tant de renforcer la surveillance que de réinventer les conditions d’un engagement mutuel fondé sur la confiance et la responsabilité partagée.

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