4 mai 2015 836 mots, 4 min. de lecture

Big Data : aura-t-on encore besoin des instituts d’étude de marché dans 10 ans ?

Par Pierre-Nicolas Schwab Docteur en marketing, directeur de IntoTheMinds
Les mastodontes de l’étude de marché et du sondage pourraient bien entrer dans une zone de turbulences très intenses. Leur business model risque en effet d’être chamboulé par le Big Data. Lisez la suite de cet article pour découvrir deux […]

Les mastodontes de l’étude de marché et du sondage pourraient bien entrer dans une zone de turbulences très intenses. Leur business model risque en effet d’être chamboulé par le Big Data. Lisez la suite de cet article pour découvrir deux exemples étonnants qui illustrent la révolution induite par le Big Data et le data mining dans les secteurs de l’immobilier et des médias.

L’analyse des parts de marché : un business qui pèse des milliards

De nombreux cabinets d’études de marché se sont spécialisés dans l’analyse des parts de marché. Des armées d’enquêteurs sont utilisées pour recueillir des données sur le terrain, dont les résultats sont ensuite extrapolés pour calculer les parts de marché. L’enjeu est stratégique pour les fabricants qui n’ont d’autre choix que de payer ces une entreprise tierce pour réconcilier les données à l’échelle d’un pays ou d’un continent. Grâce au Big Data et au data mining, la fin de ce business model est peut-être proche. Pourquoi demander à un tiers de calculer vos part de marché quand vous pouvez le faire vous-même?

Imaginez la situation suivante. Vous êtes un producteur de bouteilles d’eau que vous vendez via 30 distributeurs en Europe. Tous les produits sont scannés à la caisse et les données stockées pour produire votre ticket de caisse. Si vous pouvez convaincre la majorité des distributeurs de partager leurs données sur les ventes de bouteilles d’eau, et de les copier dans une grande base de données, le data mining pourra vous aider à calculer très précisément votre part de marché relative. Les données doivent certes être réconciliées au début, mais une fois qu’elles le sont, déterminer votre part de marché devient un jeu d’enfant. La récolte de données sur le terrain devient dès lors inutile.

Voici deux autres exemples basés sur le même principe: l’un dans l’immobilier, l’autre dans l’industrie des médias.

Comment analyser les tendances de prix dans l’immobilier ?

Aujourd’hui encore les notaires ont un monopole sur les ventes immobilières et sont les seuls à avoir toutes les données sur les bien vendues dans une pays donnés. Ils sont les seuls à connaître les prix effectivement payés pour tous les biens et, à ce titre, sont les seuls à pouvoir analyser les tendances. Ces tendances représentent une valeur incommensurable pour ceux qui sont sur le point d’acheter. Acheter une maison ou un appartement représente le plus souvent l’achat d’une vie : personne ne veut payer trop cher. Alors comment se passer des notaires qui de toute façon gardent leurs précieuses informations pour eux ? Il existe un moyen de tirer parti du Big Data et de contourner ce monopole. Aviez-vous déjà réalisé que les agents immobiliers connaissent aussi les prix finaux payés pour les biens qu’ils ont vendu ? En mutualisant ces données (encodées le plus souvent dans leur logiciel de comptabilité ou similaire) il serait possible de s’affranchir des notaires.

Comment analyser plus précisément les audiences en télévision ?

Comme vous le savez, les parts de marché et les audiences sont le KPI n°1 dans le secteur de la télévision. Pour l’instant, ce calcul est confié à une société tierce qui réunit un échantillon de téléspectateurs volontaires qui sont équipés avec une boîte noire. Cette boîte noire enregistre ce que la personne regarde et une extrapolation est ensuite réaliser pour calculer la part de marché de chaque programme et de chaque chaîne de télévision. Ce procédé souffre cependant de plusieurs inconvénients. Le plus important est que l’analyse est basée sur un échantillon. Personne ne pourra jamais garantir que cet échantillon est représentatif de l’ensemble de la population. En outre, les usages ont changé et la télévision se regarde désormais sur plusieurs écrans à la fois. L’utilisation d’une boîte noire induit donc un énorme biais. La solution vient des opérateurs télécoms qui vous vendent l’accès aux chaînes de télévision. Cet accès s’opére de plus en plus grâce à une « box » qui vous identifie. L’opérateur a donc la possibilité de suivre très précisément ce que vous regardez à n’importe quel instant. L’étape suivante consiste à agréger les données de tous les opérateurs de télécommunications (heureusement trois ou quatre se partage généralement 80% du marché) et à laisser faire le data mining.

Conclusion

Ces trois exemples (jeux, immobilier et des médias) montrent que les ressources de mise en commun et les données peuvent aider à gagner en efficacité et de la valeur de capture, qui allaient auparavant à des tiers.

Photo: Shutterstock


Publié dans Data et IT, Marketing.

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