6 mars 2024 1024 mots, 5 min. de lecture

Qu’attendent les clients des commerces de centre-ville ? [Sondage]

Par Pierre-Nicolas Schwab Docteur en marketing, directeur de IntoTheMinds
Dans cet article vous découvrirez les résultats d'un sondage sur les attentes des clients des commerces de centre-ville. Ces derniers sont loin d'être désuets. Les consommateurs les plébiscitent mais pointent également certains problèmes.

Un sondage réalisé en France permet de mieux comprendre la place des commerces de centre-ville et la dynamique du marché retail. Ce sondage nous éclaire en outre sur l’impact des politiques publiques en matière de mobilité et d’attractivité des centres-villes.

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Les chiffres-clés

  • 73 % des consommateurs font des achats dans les commerces en centre-ville au moins une fois par semaine.
  • 52 % des clients ont une relation privilégiée avec un ou plusieurs commerçants de leur quartier.
  • 54 % des répondants craignent que les commerces de centre-ville ne soient voués à disparaître.
  • 83 % des participants au sondage estiment que les municipalités devraient mettre en place davantage d’initiatives pour soutenir la vie commerçante en centre-ville.
  • 62 % des consommateurs estiment que les prix pratiqués dans les commerces en centre-ville sont excessifs.
  • 67 % des clients sont pour l’interdiction de circuler en voiture dans le centre-ville le week-end.
  • 78 % des répondants visitent le plus la boulangerie-pâtisserie parmi les commerces alimentaires du centre-ville.
  • 71 % des participants au sondage aimeraient avoir accès en centre-ville à de grandes enseignes, telles qu’Ikea, Leroy Merlin ou Decathlon.
  • 75 % des consommateurs seraient intéressés par des services « phygitaux », comme les drive piéton en centre-ville.
  • 95 % des clients considèrent que les commerces du centre-ville sont essentiels à la vie de quartier, soulignant leur rôle dans le lien social (91 %) et la simplification de la vie quotidienne (94 %).

L’attachement aux commerces de centre-ville

Il n’y a aucun doute sur le fait que les participants au sondage aiment les commerces de centre-ville. C’est une bonne nouvelle pour les commerces « physiques » (ce que l’on appelle le « brick-and-mortar » en anglais) mais aussi pour les centres-villes. Les consommateurs ne se contentent pas de l’e-commerce. Ils ont besoin de relations humaines et cela se voit très clairement dans les résultats du sondage. Plus de la moitié des répondants (52 %) estiment avoir une relation privilégiée avec un ou plusieurs commerçants de leur quartier.

Cet attachement se reflète d’ailleurs dans la crainte exprimée de voir mourir les commerces de centre-ville. Plus d’un répondant sur deux (54 %) craint que ces magasins ne soient voués à disparaître, tandis que 83 % pensent que les municipalités devraient les soutenir davantage.

Le paradoxe de la voiture en centre-ville

Environ 44 % des Français privilégient l’usage de la voiture pour leurs déplacements vers les centres urbains. De ce groupe, 79 % expriment le désir d’une augmentation du nombre de places pour se garer, une préférence qui résonne avec 71 % de la population totale. Dans le même temps, 67 % se montrent plutôt favorables à une interdiction de la circulation automobile dans les centres-villes pendant les weekends. Cette opinion est partagée par 59 % de ceux qui habituellement optent pour ce mode de transport. Et pour enfoncer le clou, 68% de la population est en faveur des LEZ (Low-Emission Zone), ces zones urbaines desquelles les véhicules les plus polluants sont exclus.

Il y a donc une situation assez paradoxale. D’un côté, les clients des centres-villes optent pour la voiture. Et de l’autre, ils sont favorables à sa limitation voire à son interdiction. N’y-a-t-il pas ici une certaine contradiction ? Les clients se rendent-ils d’ailleurs compte que leurs comportements ne sont pas en adéquation avec leurs aspirations. Sans doute que la réponse des sondés aux questions de mobilité reflètent un peu la pression écologique actuelle qui veut que la voiture trouve de moins en moins sa place dans l’espace public.

Pour alimenter encore plus cette situation paradoxale, le sondage montre que le coût élevé et les problèmes d’accès sont les principaux obstacles à la visite des boutiques (41 % des répondants). Cela conduit 43 % des citoyens à plaider pour une amélioration de l’accès et des options de stationnement. Et comme si cela ne suffisait pas, 66 % attendent des magasins de centre-ville qu’ils proposent des places de parking gratuites.

En résumé, les clients veulent limiter l’accès au centre-ville et veulent y voir moins de voitures. Pour autant que la leur ne soit pas la leur.

Comment redynamiser les commerces de centre-ville ?

Puisque le centre-ville est devenu au fil des ans une destination mal-aimée des clients, il y a lieu de le redynamiser. Au regard des problèmes de mobilité évoqués plus haut, il ne fait aucun doute que les politiques restrictives des édiles politiques ne sont pas tout à fait ce qui est attendu. Mais le sondage donne également quelques pistes de réflexion pour les enseignes elles-mêmes.

50% des répondants attendent plus d’offres commerciales ou de programmes de fidélisation. C’est la demande n°1 des consommateurs. Elle fait bien entendu écho aux problèmes de perte de pouvoir d’achat. Nous l’avions également vu dans cet autre sondage sur la digitalisation en magasin.

En 2024, la préoccupation principale du consommateur est la préservation de son pouvoir d’achat. Tous les sujets retail, même ceux qui relèvent de l’innovation, sont désormais vus à travers ce prisme.

A la question de savoir quel aspect de l’expérience client est le plus important, 57% répondent ainsi qu’il s’agit du prix. Le prisme « pouvoir d’achat » s’applique une nouvelle fois. Cela est d’autant plus curieux (mais nous ne sommes plus à un paradoxe près), que l’expérience client concerne tout sauf les prix.

magasin carrefour flash store Paris magasin autonome

Les magasins autonomes, tels que Carrefour Flash (Paris) qui n’existe déjà plus, ne font pas l’unanimité.

Le magasin autonome ne fait pas l’unanimité

Parmi les moyens de redynamiser les centres-villes, le sondage a testé le concept du magasin autonome. Nous avons évoqué ce sujet à plusieurs reprises sur ce blog, notamment lors de notre visite de Carrefour Flash. Carrefour Flash a d’ailleurs été une expérience éphémère en plein cœur de Paris que Carrefour a rapidement arrêté.

Les réponses à la question « Pensez-vous que les magasins autonomes ont leur place en centre-ville ? » ne devraient vous étonner qu’à moitié. Les réponses sont corrélées avec l’âge. Alors que 63% des plus de 65 ans ne veulent pas de magasins autonomes en centre-ville, seuls 22% des 18-24 s’y opposent.



Publié dans Marketing.

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