11 septembre 2015 830 mots, 4 min. de lecture

Une nouvelle manière de financer la croissance des startups : les obligations ! (Partie 1)

Par Pierre-Nicolas Schwab Docteur en marketing, directeur de IntoTheMinds
Le sujet du financement de la croissance est récurrent sur notre blog ; tout simplement parce qu’il s’agit d’un problème auquel beaucoup de startups sont confrontées et qu’elles n’arrivent pas toujours à résoudre. Aujourd’hui nous interviewons Jean Carvajal, le président-créateur d’Investbook. […]

Le sujet du financement de la croissance est récurrent sur notre blog ; tout simplement parce qu’il s’agit d’un problème auquel beaucoup de startups sont confrontées et qu’elles n’arrivent pas toujours à résoudre. Aujourd’hui nous interviewons Jean Carvajal, le président-créateur d’Investbook. Investbook est la première plateforme française de crowdfunding agréée par l’AMF pour l’investissement en obligations. Elle permet d’une part à des entreprises de se financer par emprunt obligataire et d’autre part à des investisseurs de souscrire à des obligations d’entreprises françaises avec des rendements attractifs.

IntoTheMinds : Les banques sont frileuses. Ce n’est pas une nouveauté. Une offre de financement basée sur le « crowdfunding » a donc fait son apparition ces dernières années. Quels sont les différents types de crowdfunding actuellement disponibles pour les PME sur le marché ?

Jean Carvajal : En France, les principaux types de crowdfunding pour le financement d’entreprise, et notamment pour les PME, sont de deux grandes familles : les titres financiers (actions et obligations) et le prêt.

  • Les actions (equity) : les entreprises ouvrent leur capital en émettant des actions.
  • Les obligations (titres financiers représentatifs d’un emprunt) : les entreprises contractent une dette en émettant des obligations moyennant un taux d’intérêt (coupons) et un échéancier de remboursement.
  • Le prêt, qui depuis le 1er octobre 2014 ne relève plus du monopole bancaire. Les entreprises contractent un emprunt classique.

 

ITM : Quels avantages présente le système de financement participatif par obligations ?

JC : Au-delà du financement participatif, le financement d’entreprise par émission d’obligations présente de nombreux avantages, notamment :

  • Les fonds levés lors d’une émission obligataire sont utilisables de manière flexible, l’objet est de financer les besoins généraux d’une entreprise (General Corporate Purpose comme il est fréquemment écrit sur les contrats de dette). Parfois qualifiées de quasi-fonds propres, les obligations servent à financer l’ensemble des besoins d’une société (investissements matériels et immatériels, exploitation, charges de personnel, R&D etc.).
  • Ce mode de financement est non-dilutif, lorsque les obligations sont dites sèches ou simples comme le propose Investbook, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas convertibles en actions. Les obligations sèches représentent une dette, il n’existe donc aucun lien avec le capital de la société ; ainsi les actionnaires ne sont pas dilués.

L’emprunt obligataire offre également flexibilité et souplesse :

  • Il est possible de se financer sans apporter de cautions, privilèges, nantissements sur les actifs et autres garanties.
  • Le profilage de la dette est propre à chaque société qui peut, selon ses besoins, rembourser par annuités constantes ou par annuités plus faibles les premières années.
  • Le financement obligataire offre une profondeur de marché plus importante que celle offerte par les banques. Celles-ci pouvant connaitre des limites d’engagement, le marché obligataire offre alors un panel de prêteurs plus large. C’est enfin une diversification, point essentiel pour la stabilité de financement d’une entreprise notamment lorsque les relations bancaires se tendent ou lorsque les besoins de trésorerie sont récurrents et multiples.

 

ITM : Comment sont sélectionnés les dossiers qui seront présentés aux investisseurs ? A quels aspects êtes-vous particulièrement attentifs lorsque vous étudiez le projet d’une PME ?

JC : Les dossiers sélectionnés font l’objet d’une analyse approfondie. L’analyse est complète et s’opère sur 3 niveaux :

  • Le volet humain : rencontre systématique avec les dirigeants, visite des bureaux et/ou des outils de production, analyse de la gouvernance et de la structure organisationnelle.
  • Le volet extra-financier : analyse de l’environnement et de la concurrence, étude du modèle économique, forces et faiblesses de l’entreprise, identification des facteurs de risque.
  • L’analyse financière : analyse des comptes historiques, des ratios et du plan d’affaires. Nous disposons également d’un modèle interne de notation et de stress test pour évaluer le profil de risque de chaque société.

Chaque dossier est présenté à notre comité des risques qui valide, conditionne ou rejette la mise en place des offres de financement participatif que nous proposons à nos investisseurs.

Nous sommes avant tout attentifs à la cohérence de l’entreprise. Le dirigeant, l’organisation, la gestion et les résultats financiers doivent constituer un ensemble cohérent et claire, c’est-à-dire qu’aucun sujet ne doit faire ressortir des décalages, des incertitudes ou des incompréhensions. Par ailleurs, nous privilégions des entreprises saines, avec un chiffre d’affaire stable dans le temps, des résultats bénéficiaires ou proches de l’équilibre. Le point fondamental est d’évaluer la capacité d’une entreprise à rembourser son emprunt.



Publié dans Entrepreneuriat, Marketing.

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