5 juillet 2021 1471 mots, 6 min. de lecture Dernière mise à jour : 17 juillet 2021

Covid : des entrepreneurs moins préparés mais plus confiants

Par Pierre-Nicolas Schwab Docteur en marketing, directeur de IntoTheMinds
Les statistiques de créations d’entreprises en Europe montrent que la crise du Covid n’a pas découragé les entrepreneurs de se lancer. Un sondage réalisé sur 825 créateurs d’entreprises montre que leur confiance est au plus haut. Pourtant ils sont moins […]

Les statistiques de créations d’entreprises en Europe montrent que la crise du Covid n’a pas découragé les entrepreneurs de se lancer. Un sondage réalisé sur 825 créateurs d’entreprises montre que leur confiance est au plus haut. Pourtant ils sont moins expérimentés, font moins appel à l’accompagnement extérieur et délaissent les financements publics. Cette étude très large permet en outre d’apprécier d’autres changements intervenus depuis mars 2020 comme par exemple le remplacement des financements publics par les aides privées.

Dans ce premier article nous livrons les résultats détaillés pour la Belgique, un pays sur lequel nous avons sondé 634 entrepreneurs. Les résultats complets au format pdf peuvent être téléchargés à la fin de cet article. Si vous êtes journaliste et désirez réutiliser certains résultats ou obtenir des précisions, n’hésitez pas à nous contacter au +32 2 347 45 86.

Les résultats en bref

  • Le niveau de confiance des personnes ayant lancé leur entreprise après Mars 2020 est en forte hausse. Les « entrepreneurs du Covid » sont 12 points plus confiants dans l’avenir et 14 points plus sûrs de la réussite de leur entreprise que ceux ayant lancé leur entreprise avant mars 2020.
  • Les motivations pour créer son entreprise ne changent pas fondamentalement avec le Covid. La recherche d’autonomie et de flexibilité était la motivation de 45,5% des entrepreneurs avant la crise. Elle le reste pour 43% depuis mars 2020.
  • Depuis la crise du Covid, en Belgique, les créateurs d’entreprises font moins appel aux aides publiques (-10 points) et plus au financement privé (+4 points). La proportion d’aides publiques inférieures à 5000€ a doublé (+29 points), alors que celles de moins de 5000€ dans le financement privé a diminué de 14 points.
  • Le profil des entrepreneurs qui se sont lancés depuis mars 2020 est moins expérimenté. On constate une augmentation de 5 points de la part des entrepreneurs ayant moins d’un an d’expérience professionnelle, et une diminution équivalente de ceux qui en ont plus de 20.
    la part des employés qui ont lancé leur entreprise a augmenté de 7,5 points (à 59,6%) alors que celle des chômeurs a baissé de 5 points (à 18,2%)
  • Les entrepreneurs de l’ère post-Covid sont plus diplômés. La part des titulaires d’un diplôme de 1er, 2ème ou 3ème cycle monte à 67,5%, en hausse de près de 7 points par rapport à la période pré-covid.
  • Depuis mars 2020, les entrepreneurs sont encore moins nombreux à se faire accompagner pour le lancement de leur entreprise. Le pourcentage de créateurs non accompagnés passe de 31,8% à 38,5%. Le comptable reste le référent n°1 de plus d’un tiers des créateurs d’entreprises.
  • Depuis la crise du COVID, les créateurs d’entreprises font plus appel à un soutien financier privé (21% contre 17%)
  • Le montant de ce financement privé a tendance à augmenter. La part des aides privées de moins de 5000€ passe de 57% à 43%.
  • Le recours à des dispositifs de financements public est en net recul (-10 points). Avant la crise, 73% des créateurs d’entreprises se lançaient sans faire appel à ce mode de financement. Depuis la crise du Covid ils sont 83% à s’en passer.
  • Parmi ceux qui ont obtenu des aides publiques, les montants inférieurs à 5000€ sont ceux dont la proportion a le plus augmenté (57% contre 28% avant la crise). Ceci s’est fait au détriment des aides plus importantes (entre 5000€ et 20000€)

crédits : Shutterstock

Méthodologie

Un sondage a été réalisé auprès de 825 créateurs d’entreprises en Belgique et en France. Le sondage a été diffusé en Belgique par l’UCM et Hub.Brussels, en France par Formalizi.

Les résultats présentés dans cet article sont limités à la Belgique. Ils concernent 634 créateurs d’entreprises qui ont répondu au sondage. Parmi ces derniers, 31% avaient créé leur entreprise avant mars 2020 (période « avant Covid ») et 69% depuis Mars 2020 (période « depuis Covid »).


crédits : Shutterstock

Quelles sont les motivations des entrepreneurs pour se lancer ?

Nous vous présentons ci-dessous les résultats détaillés qui soutiennent nos conclusions sur la dynamique entrepreneuriale en Belgique. Dans la plupart des graphiques nous distinguons la période « avant Covid » (entreprises créées avant le 28 Février 2020) de la période « depuis Covid » (entreprises créées après le 1er Mars 2020.Evolution des motivations des créateurs d'entreprises avant et après Covid

Comme on peut le voir sur le graphique ci-dessus, les motivations des créateurs d’entreprises restent sensiblement les mêmes avant et depuis la crise du Covid. La recherche d’autonomie et de flexibilité est la motivation principale pour un peu moins de la moitié des néo-entrepreneurs.

Seuls 14% des créateurs d’entreprises belges affirment que leur décision de se lancer a été influencée par la crise du Covid. Ce résultat est sans doute à mettre en relation avec la statistique suivante.


La confiance des entrepreneurs est en hausse

56,8% des entrepreneurs qui se sont lancés depuis mars 2020 se déclarent confiants ou très confiants dans l’avenir. C’est 12 points de plus que ceux qui ont démarré leur activité avant la crise du Covid (44,8%).

Les entrepreneurs qui se sont lancés depuis mars 2020 sont 14 points plus confiants dans la réussite de leur entreprise que ceux qui se sont lancés avant mars 2020 (72,2% contre 58,2%).


Des entrepreneurs dont le profil a changé depuis la crise du Covid

Depuis mars 2020 on constate que la proportion d’employés qui sont devenus créateurs d’entreprises a augmenté de plus de 7 points, passant de 52% à 59,6%. Dans le même temps la proportion de chômeurs a reculé de 5 points, passant de 23,2% à 18,2%.

Ceux qui se sont lancés depuis mars 2020 ont tendance à être plus diplômés que leurs prédécesseurs. On constate en particulier une forte augmentation des titulaires d’un diplôme de 1er cycle, dont la proportion passe de 24,7% à 36,4%.

Les titulaires d’un diplôme universitaire (1er, 2ème ou 3ème cycle) représentent au final plus des 2/3 des créateurs d’entreprises en Belgique (67,5%). La hausse par rapport à la période « pré-Covid » est remarquable (+7 points).

Si les créateurs d’entreprises sont plus diplômés depuis mars 2020 en Belgique, ils sont également moins expérimentés. Le pourcentage de jeunes diplômés (<1 an d’expérience professionnelle) monte à près de 20%, en hausse de 5 points. Dans le même temps, on constate une baisse équivalente de ceux qui disposent de plus de 20 ans d’expérience.

Les 4/5 des entrepreneurs se lancent seuls. Seulement 5% des entrepreneurs démarrent leur activité avec 2 associés ou plus.

38,5% des entrepreneurs non accompagnés depuis le Covid

Plus inquiétant, près de 40% des créateurs d’entreprises ne sont pas accompagnés du tout. Ce pourcentage est en forte hausse depuis mars 2020, ce qui n’augure rien de bon pour l’avenir de ces entreprises. Environ 1/3 des nouvelles structures n’est accompagné que par le comptable. Ceci révèle donc un déficit certain sur les aspects non financiers de l’aventure entrepreneuriale.

Le recours aux coachs et consultants a diminué de 3 points ; désormais seul 1 entrepreneur sur 10 y fait appel. Cela reste plus que le recours aux organisations de soutien à l’entrepreneuriat qui n’attirent plus que 7,5% des créateurs d’entreprises.

Une vraie réflexion doit donc être menée pour toucher les 38,5% de créateurs d’entreprises qui se passent d’accompagnement et hypothèquent ainsi leurs chances de succès (voir à ce sujet nos statistiques sur la survie des startups et l’importante d’une étude de marché).

accompagnement des créateurs d'entreprises en Belgique

Le manque d’accompagnement ne peut pas être dû à une expérience entrepreneuriale préalable puisque le pourcentage de néo-entrepreneurs reste stable. Plus de 9 entrepreneurs sur 10 n’ont jamais lancé d’entreprise auparavant.

Cela n’empêche pas les porteurs de projets de passer rapidement à la concrétisation. En effet, pour quasiment 3/4 des entreprises en Belgique, il s’écoule moins d’un an entre l’idée et le lancement effectif de l’activité. Ce pourcentage est en légère augmentation pour les entreprises créées après mars 2020 (73,1% contre 71,6%).

Moins de financement public et plus de soutien privé

soutien financement publi aux créateurs d'entreprises avant et après covid

Le sondage montre que plus de 83% des créateurs d’entreprises n’ont pas sollicité d’aides financières publiques (cliquez sur l’image pour l’agrandir). Ce pourcentage est en légère hausse depuis la crise du Covid.

On constate également que, lorsque des aides sont accordées, les montants sont en baisse. Depuis le Covid, 57% des dossiers concernent des montants de moins de 5000€, un pourcentage qui a doublé par rapport à la période Pre-Covid.


Depuis la crise du Covid, le recours au soutien financier privé est en hausse de 4 points (cliquez sur l’image ci-contre pour l’agrandir).

En matière de montants, la tendance observée est l’inverse de celle des aides publiques : les montants obtenus ont tendance à augmenter depuis la crise du Covid. Depuis mars 2020, dans 67% des cas, le soutien privé est supérieur à 5000€. Avant mars 2020, ce pourcentage s’établissait à 55,5%.


Téléchargez l’étude complète au format pdf

rapport covid entrepreneurs belgique final

 



Publié dans Recherche.

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