30 mars 2012 511 mots, 3 min. de lecture

Expérience client originale dans un restaurant étoilé

Par Pierre-Nicolas Schwab Docteur en marketing, directeur de IntoTheMinds
La bonne chère a beaucoup à voir avec le « story-telling » et généralement il faut bien avouer que les chefs talentueux savent y faire. Raconter une histoire et offrir une expérience client unique vont généralement bien ensemble. La cuisine moléculaire a […]

La bonne chère a beaucoup à voir avec le « story-telling » et généralement il faut bien avouer que les chefs talentueux savent y faire. Raconter une histoire et offrir une expérience client unique vont généralement bien ensemble.

La cuisine moléculaire a été une petite révolution à cet égard car elle donna à nombre de chefs un coup d’accélérateur à leur créativité qui s’est retrouvée dans l’assiette mais également dans l’expérience client. Tout d’un coup il devenait possible de transformer la salle en un théâtre; les dernières étapes du processus de « fabrication » du plat étaient transférées de la cuisine à la salle et le client assistait parfois à la naissance magique de son plat, devant ses yeux émerveillés (on ne pouvait malheureusement pas en dire toujours autant des papilles).

La question demeurait toutefois de savoir comment une expérience client pouvait être créée au-delà des simples aspects techniques qui composent la vague moléculaire. Cette vague a d’ailleurs depuis quelques temps considérablement diminué d’intensité et a été reléguée, il faut bien l’avouer, au rang de mode dépassée. Si le service et les ingrédients de première qualité sont l’apanage des bons restaurants, comment peut-on donc se différencier et laisser un souvenir impréissable ? Car après tout, c’est bien ce qu’un client qui paie une grosse facture est en droit d’attendre, non ?

J’ai trouvé une réponse à cette question au restaurant l’Air du Temps, doublement étoilé et dont le Chef a été (et est encore) fort inspiré par la cuisine moléculaire tout en ne tombant pas dans les raccourcis et les clichés. Il a au fil du temps délaissé la technique pure pour n’en garder que les côtés les plus intéressants qui tendent à magnifier le produit.

Mais il a su aller encore au-delà et lors de ma dernière visite c’est un plat en forme de manifeste contre la pêche au thon auquel j’ai eu droit. Ce manifeste prenait la forme d’une mini-brochure rouge sand posée sur le coin de la table et dans laquelle était exposée la problématique. Assez pour vous sensibiliser et vous faire prendre la dimension revendicatrice du plat qui se voulait une imitation visuelle d’un plat de thon rouge mais sans thon. La finalisation du plat devant vos yeux ébahis était tout aussi excitante; un jus violacé était versé sur les faux morceaux de thon et un deuxième liquide, injecté avec une seringue, faisait réaction avec ce jus pour le colorer en rouge sang, évoquant sans doute la couleu de la mer entâchée par la mort du poisson.

Mon avis :

Ce plat était nourrissant intellectuellement et soulignait toute en poésie la créativité de l’artisan derrière ses fourneaux. C’est cela aussi que récompensent les deux étoiles Michelin.



Publié dans Marketing.

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