16 mars 2020 1177 mots, 5 min. de lecture Dernière mise à jour : 9 novembre 2020

[Podcast] Emna Everard révolutionne le marché du bio avec Kazidomi

Par Pierre-Nicolas Schwab Docteur en marketing, directeur de IntoTheMinds
Le marché de l’alimentation bio est en croissance constante. Entre 2008 et 2018 les dépenses des ménages pour les produits bio ont plus que triplé. En Belgique on est passé de +/- 220€ annuels en 2008 à plus de 750€ […]

Le marché de l’alimentation bio est en croissance constante. Entre 2008 et 2018 les dépenses des ménages pour les produits bio ont plus que triplé. En Belgique on est passé de +/- 220€ annuels en 2008 à plus de 750€ en 2018. C’est dans ce contexte porteur qu’Emna Everard a lancé sa start-up Kazidomi. Fraîchement diplômée de la Solvay Business School, elle a lancé son entreprise sans expérience professionnelle préalable et vient de lever 1m€ pour soutenir la croissance de sa société. Dans ce podcast elle explique les difficultés qu’elle a rencontrées, sa stratégie pour se faire une place dans ce marché convoité, ainsi que ses plans de développement.

Retrouvez ici les leçons à retenir de ce podcast et les « recettes » du succès de Kazidomi.

Sommaire

 

Une fois que les clients sont chez nous, ils n’ont plus envie d’aller ailleurs

Emna Everard, Kazidomi

 

La genèse de Kazidomi

L’expérience personnelle joue, comme souvent, un rôle prépondérant dans l’apparition de l’idée entrepreneuriale. Kazidomi ne fait pas exception. Comme l’explique Emna Everard :

« Je suis née dans une dans une famille où mes parents sont spécialisés dans tout ce qui est nutrition et donc j’ ai baigné dans le milieu de l’alimentation saine, du sport depuis très jeune et pendant mes études dans une école de commerce à Bruxelles, j’ai décidé de me lancer dans l’entreprenariat en tenant compte de ces passions et donc c’est comme ça que l’idée de faire un site E-commerce proposant des produits sains, tous sélectionnés par des experts de la santé, m’est venue. La première version du site a été mise en ligne, quand j’ étais encore étudiante, donc c’était un petit peu la bataille entre les cours et et l’entreprenariat et assez rapidement en fait, je me suis rendu compte que le prix était un problème pour pas mal de clients, notamment le public un petit peu plus jeune qui n’a pas forcément les moyens d’ aller dans les magasins bio faire ses courses et qui veut très souvent s’alimenter plus sainement. C’est comme ça qu’on a eu l’idée avec mon associé Alain, de proposer une formule d’abonnement pour réduire les prix. C’est à ce moment-là que la société a vraiment commencé à démarrer, qu’on a commencé à avoir des utilisateurs très fidèles avec des paniers d’achat plus élevés. »

Quelques statistiques du marché du bio

  • Chiffre d’affaires du bio en Belgique : 760 m€ (2018)
  • Chiffre d’affaires du bio en Flandre : 289 m€ (2018)
  • Chiffre d’affaires du bio en Suède : 2,66 milliards € (2016)
  • Chiffre d’affaires du bio en Allemagne : 9,48 milliards € (2016 )
  • Chiffre d’affaires du bio en France : 7,15 milliards € ( 2016)
  • 40 % des dépenses en produits bio sont des “pommes de terre, fruits et légumes”.
  • 36 % des parts de marché sont à attribuer aux supermarchés classiques

La fidélisation client, un élément important de la stratégie marketing

Pour se différencier de la concurrence Emna Everard explique que la communauté bâtie autour de Kazidomi est un atout. Cette communauté est d’ailleurs plutôt « généraliste ». Il ne s’agit pas forcément d’une clientèle déjà accro au bio.

« On a énormément de clients qui n’avaient pas du tout l’habitude de faire leurs courses dans les magasins bio. Ce sont des personnes qui ont envie de vivre mieux, de se sentir mieux dans leur peau et donc qui ont envie d’aller vers ça mais qui ne savaient pas comment faire. Grâce à Kazidomi on essaye de leur simplifier le processus d’ achat, de leur faire des propositions de paniers, etc… pour justement faciliter tout ça et détruire en quelque sorte les barrières des gens qui font leurs courses dans le retail traditionnel. »

 

L’axe qui m’a semblé très intéressant dans la stratégie de Kazidomi c’est cette volonté d’abaisser les barrières à l’achat. D’abord la barrière du prix grâce à un business model basé sur l’abonnement; la barrière du choix ensuite en garantissant au client que tout est sain. Comme on dit en anglais, cela devient un « no-brainer ». Le consommateur n’a plus besoin de tergiverser, de se poser des questions compliquées qui l’empêcheraient de prendre une décision d’achat. On fait tomber les barrières pour libérer l’achat. Et lorsque le premier achat est effectué et que la satisfaction est au rendez-vous, le chemin vers la fidélisation se dégage.

« Ce qu’on essaie vraiment de faire chez Kazidomi c’est de rendre ce processus d’achat super transparent en expliquant non seulement pourquoi ces produits sont sains, pourquoi est-ce qu’on a choisi de les mettre sur Kazidomi, en expliquant l’origine etc., en favorisant les produits qui sont respectueux de l’environnement notamment. Donc c’est là qu’on se différencie. »

Leçons à retenir

Je pense que le podcast permet de tirer plusieurs leçons qui seront utile à d’autres entrepreneurs.

Éliminez les barrières à l’achat

Une proposition de valeur claire est indispensable. Ici, c’est clair, Kazidomi vous propose des produits sains à un prix attractifs. Cette proposition de valeur est rendue possible par d’une part une sélection rigoureuse par des professionnels de la nutrition d’une part, et par un abonnement

Misez sur la fidélisation

Je ne vais pas m’appesantir sur les bénéfices de la fidélisation client (pour tout savoir rendez-vous sur cette page). Ce qui doit être retenu ici c’est le fait que Kazidomi joue à la fois sur son business model (par abonnement) et sur la communauté pour faire un effet de levier et parvenir à cette fidélisation.

Ne visez pas un marché de niche

Il est clair que le bio ne constitue que la partie congrue du marché de l’alimentation au sens général. L’erreur serait de ne viser, à l’intérieur de ce marché, qu’une portion encore plus limitée, celle des personnes consommant déjà bio. Ceux-là sont déjà convaincus et n’ont plus de barrières à l’achat. Ils achètent déjà ailleurs et les convertir ne peut se faire que sur la base de solides arguments. Kazidomi s’adresse plutôt à une cible que j’identifie à la frontière des premiers adeptes (« early adopters ») et de la majorité précoce (« early majority ») sur la courbe de Rogers. L’évolution du marché bio fera l’objet de notre part de nouvelles analyses dans le courant de l’année 2020 puisqu’en Septembre 2020 doit se tenir le salon SIAL. Ce laboratoire des tendances de l’alimentation est organisé tous les 2 ans et nous le couvrons depuis 12 ans. (retrouvez ici nos conseils pour y préparer votre visite).

courbe de Rogers marché alimentation bio

La courbe de Rogers nous permet d’esquisser les différentes phases de l’adoption du bio et le développement de nouvelles marques, enseignes à chaque passage d’une phase à l’autre.

 



Publié dans Entrepreneuriat.

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