5 juin 2020 736 mots, 3 min. de lecture

Mini-cours de Com n°12 : Rien n’est plus difficile ni important que la communication

Par Pierre-Nicolas Schwab Docteur en marketing, directeur de IntoTheMinds
Pendant toute la période du confinement, le philosophe et communiquant Emmanuel Tourpe nous a fait le plaisir de partager ses « mini-cours de Com » sur ce blog. Nous voici arrivés aujourd’hui, avec ce 12ème opus, à la fin de cette série. […]

Emmanuel Tourpe

Pendant toute la période du confinement, le philosophe et communiquant Emmanuel Tourpe nous a fait le plaisir de partager ses « mini-cours de Com » sur ce blog.

Nous voici arrivés aujourd’hui, avec ce 12ème opus, à la fin de cette série. La plume d’Emmanuel nous aura permis de découvrir les spécificités de la communication visuelle et orale, les mensonges de la communication, des astuces pour mieux communiquer ou encore les ressorts de la manipulation des foules.

Je ne peux que m’incliner devant tant de savoir et remercier Emmanuel pour sa générosité.


Mini-cours de Com n°12

Rien n’est plus difficile que la communication

Rien n’est plus important qu’elle

 

Au terme de ces « petits cours de com » un constat s’impose. D’abord la communication n’est pas la « com » au sens des années 80 sous cocaïne, des années fastes de Jacques Attali ou des divas pathétiques façon Beigbeder. Elle n’est pas l’apanage de golden boys dominant d’une inspiration subite ou d’un slogan facile un monde d’argent facile. C’est une affaire trop sérieuse pour être confiée aux publicitaires : outre ses dimensions psychologiques, elle a des racines métaphysiques, des sommets spirituels, une maîtrise relationnelle, un engagement de valeurs sans nombre et surtout, une compréhension en profondeur des ressorts de l’essence humaine.

Nul ne connait le destin d’un message qui appartient tout autant à celui qui l’entend qu’à celui qui l’émet.

Difficile communication : tout le monde sait qu’elle est indispensable, personne ne se rend compte à quel point, nul n’en connaît toutes les recettes. Il existe bien des « trucs » enseignés par les écoles de marketing ou les facultés de communication pour la faciliter. La plupart ont été trouvées dans l’entre deux guerres quand on la confondait avec la propagande. Mais les années 60 ont montré dans tous les cas possibles à quel point ces bidules et ces machins ont une portée limitée et ne servent que de cadre minimal à la communication. Quand les Cultural studies, l’école de Constance, la Uses and Gratification Theory, ou Umberto Eco découvrent presque au même moment le rôle constitutif du récepteur, lecteur, auditeur dans la communication un dogme tombe : celui d’une maitrise possible du message par l’émetteur, le média, la publicité. Nul ne connait le destin d’un message qui appartient tout autant à celui qui l’entend qu’à celui qui l’émet.

L'École d'Athènes, par Raffaello Sanzio

L’École d’Athènes, par Raffaello Sanzio (dit Raphaël). Fresque peinte en 1508 dans les appartements du Pape Jules II (Musei Vaticani).

Ce message lui-même ne saurait surgir au hasard d’un produit, à la manière des sophistes grecs qui se faisaient forts de pouvoir démontrer tout et son contraire. Si, foncièrement, la communication est histoire, progrès, développement, reprise sans cesse et à tout moment recommencement, elle ne saurait avoir de racines dans le mensonge et la manipulation. Plus elle provient des profondeurs intérieures, plus elle est une manifestation de l’âme et de l’être, plus elle réussit et rayonne. Il n’y a de communication que lorsqu’il y a une source à partir de laquelle un flux apparaît. Un annonceur qui ment ne communique pas. Il agite de l’image et celle-ci se retournera contre lui. La communication est un cercle dans lequel le vrai, le bien et le beau circulent entre eux. Quand on ne prend pas fondement dans leur danse intérieure, la communication n’est qu’une écume superficielle qui s’efface aussitôt qu’elle s’est déposée.

Enfin, la communication est au cœur de toutes les activités humaines – bien plus encore que ce que pensent les politiques, les scientifiques, les patrons d’entreprises – parce qu’elle active le noyau même de l’essence de l’homme : sa faculté de communion. Nous ne sommes pas des individus juxtaposés mais des êtres en relation, des relations subsistantes, qui n’existent que les uns pour les autres et n’ont au fond pour exister que le pouvoir de parler et celui d’aimer.



Publié dans Divers.

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