20 janvier 2021 1215 mots, 5 min. de lecture Dernière mise à jour : 15 mars 2022

La marque Trump : lâchée de toutes parts, va-t-elle couler pour autant ?

Par Pierre-Nicolas Schwab Docteur en marketing, directeur de IntoTheMinds
La marque Trump est construite sur les fondations d’un empire immobilier et a ensuite été diversifiée dans d’autres secteurs. C’était une marque forte, un cas d’étude en branding. Mais après les événements du 6 Janvier, un vent de défiance souffle […]

La marque Trump est construite sur les fondations d’un empire immobilier et a ensuite été diversifiée dans d’autres secteurs. C’était une marque forte, un cas d’étude en branding. Mais après les événements du 6 Janvier, un vent de défiance souffle qui la déstabilise. Rares sont ceux qui veulent encore être associés au nom « Trump ». D’ailleurs, dès 2017, Nordstrom avait décidé de sortir de ses rayons la ligne de vêtements et de chaussures d’Ivanka Trump. Dans cet article, nous passons en revue les entreprises, organisations et marques qui ont coupé les ponts avec la marque Trump en 2021. Pour finir nous nous penchons sur la valeur de la marque et nous interrogeons sur son devenir.

Que vaut la marque Trump ?

Le magazine Forbes a mis à jour son évaluation de la fortune de Trump en Septembre 2020. Il en ressortait que cette dernière avait fondu de 1 milliard d’euros. Le président Trump ne pesait « plus que » 2,1 milliards de dollars.

Sommaire


Introduction

Quoi qu’on en dise, les 4 années passées à la tête des États-Unis avaient renforcé la marque Trump. Car Trump est bien une marque. Au-delà du personnage lui-même, Trump est une marque qui se décline de multiples façons. Sur les hôtels d’abord où s’affichent les 5 lettres, mais également à l’entrée de golfs, bâtiments résidentiels et commerciaux, sur 3 hélicoptères, un Boeing 757 et sur des objets tous plus improbables les uns que les autres vendus sur le Trumpstore (verres, cravates, casquettes,  matériel de golf, fruits secs).

Mais l’invasion du Capitole le 6 Janvier 2021 pose un risque existentiel à la marque Trump car plus personne ne veut y être associé. En tout cas pas de manière visible.

Voici les entreprises et organisations qui ont décidé de couper les ponts avec la marque Trump en 2021.


Les entreprises qui lâchent Donald Trump

Les entreprises qui ne veulent plus être associées à la « marque Trump » appartiennent à plusieurs secteurs spécifiques : médias sociaux, secteur bancaire, divertissement.

Twitter

Le cas de Twitter est un peu spécial. Twitter a environ 350 millions d’utilisateur et près de 89 millions d’entre eux suivaient Donald Trump (25%). Trump était donc à la fois un problème pour Twitter (à cause des propos qu’il tenait) mais aussi un atout important pour attirer de nouveaux membres sur la plateforme. En virant Donald Trump pour toujours, Twitter se passe ainsi de son meilleur commercial.

YouTube

YouTube a effacé une vidéo mise en ligne par Donald Trump le 6 Janvier, espérant ainsi contenir la diffusion de ses idées. La chaîne YouTube de Donald Trump a également été suspendue.

Facebook / Instagram

Donald Trump a été privé de parole sur Facebook et Instagram pour les mêmes motifs que ceux invoqués par Twitter, ce qui a provoqué l’ire de Donald Trump. N’est-il d’ailleurs pas ironique de voir Donald Trump s’en prendre à ceux qui ont « censuré » ses propos, alors que c’est lui qui poussait pour que l’article 230 soit aboli et que les gens du Net deviennent responsables des propos tenus sur leurs plateformes ?

Deutsche Bank

C’est le New York Times qui a révélé la décision du principal créancier de Donald Trump. Et c’est une décision qui pourrait ne pas être sans conséquences pour l’empire Trump puisqu’elle lui a prêté près de 340 millions de dollars qui doivent être remboursés en 2024. De plus, la Deutsche Bank est la seule banque occidentale à avoir soutenu Donald Trump après la faillite de ses casinos dans les années 1990. Cela lui vaut d’ailleurs, encore aujourd’hui, des déboires avec la justice. Deutsche Bank a donc payé un lourd tribut à son association avec la marque Trump. Les événements du 6 Janvier sont sans doute la goutte qui a fait déborder le vase, la banque ne souhaitant plus être associée à l’avenir à l’image de Donald Trump.
Avec la perte de son principal créancier, on peut donc légitimement s’interroger. Où Donald Trump va-t-il à l’avenir aller chercher les fonds nécessaires au fonctionnement de son business.

Signature Bank

Cette banque américaine a la particularité d’avoir accueilli Ivanka Trump au sein de son conseil d’administration. Elle a décidé de fermer 2 comptes de celui qui sera bientôt l’ex-président des Etats-Unis. Les avoirs sur ces 2 comptes représentent 5,3 millions de dollars.

Shopify

Donald Trump utilisait Shopify comme plateforme pour ses sites de e-commerce. Shopify a décidé de ne plus fournir ses services à la Trump Organization, la privant de facto de la possibilité de faire du commerce sur internet.

Stripe

Stripe est la solution de paiement online bien connue de tous les sites de e-commerce. Elle a notamment été utilisée par Donald Trump pour recueillir des dons. Stripe a estimé que le site de Donald Trump avait enfreint ses règles contre l’incitation à la violence. Et lui a donc retiré le droit d’utiliser ses services.

Ville de New York

Le maire de New-York, le démocrate Bill de Blasio, a annoncé que la ville de New-York allait prendre les devants pour casser les contrats qui la liaientt à la Trump Organization. Cette dernière gérait plusieurs attractions touristiques pour le compte de Big Apple : un manège et deux patinoires de Central Park, ainsi qu’un club de golf du Bronx.

Fédérations de golf

C’est peut-être la sanction la plus symbolique mais celle qui blessera le plus l’amour-propre de Donald Trump. Sa tendance à tricher au golf est bien connue ; il serait en fait un tricheur maladif, jouant des tournois seul pour avoir le privilège de dire qu’il les a gagnés. Donald Trump a passé 233 jours de sa présidence à jouer au golf (15% de sa présidence donc !). Son empire possède plusieurs clubs de golf dont le mythique parcours Ailsa Course au sein du complexe Trump Turnberry (Écosse). C’est à cet endroit que l’open britannique a eu lieu en 1977, 1986, 1994 et 2009. Mais maintenant c’est fini. Les responsables anglais ont en quelque sorte banni les parcours de la Trump Organization. Cette décision fait suite à celle de la PGA (fédération américaine) de retirer le parcours Trump National de Bedminster (New Jersey) du championnat.


Conclusion : la marque Donald Trump est-elle encore bankable ?

Le moins qu’on puisse dire c’est que la marque Trump prend l’eau. Le président Trump, par son attitude et son excentricité, deviendra, après le 20 janvier, infréquentable par tous ceux qui se soucient un tant soit peu de leur propre image. Cela ne veut pas dire pour autant que la marque Trump est finie.
En effet, d’une part cette dernière est gérée par sa fille et son fils et il n’aura échappé à personne qu’Ivanka a un profil beaucoup plus consensuel que celui de son père. Elle a d’ailleurs fait des pieds et des mains pour assister à l’investiture de Joe Biden.
D’autre part, plus de la moitié de la valeur de la marque Trump vient d’immobilier commercial. Vous avez beau ne pas aimer Donald Trump, si ce dernier possède un emplacement de choix sur une artère commerciale de haute qualité (comme la 5ème avenue à New-York), vous irez quand même le voir.



Publié dans Marketing.

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