15 octobre 2012 851 mots, 4 min. de lecture

Comment mieux innover en utilisant les techniques des designers

Par Pierre-Nicolas Schwab Docteur en marketing, directeur de IntoTheMinds
J’ai passé 4 jours à Barcelone pour un workshop organisé par l’ESADE, une business school à la réputation internationale. La workshop avait pour but d’enseigner et d’utiliser les techniques créatrices des designers (Design thinking) et de les appliquer à la […]

J’ai passé 4 jours à Barcelone pour un workshop organisé par l’ESADE, une business school à la réputation internationale. La workshop avait pour but d’enseigner et d’utiliser les techniques créatrices des designers (Design thinking) et de les appliquer à la résolution de problèmes issus du monde de l’entreprise. Le moins que je puisse dire c’est que ces techniques aident vraiment à faire la différence.

Permettez-moi de vous expliquer pourquoi.

Ce workshop était organisé en partenariat avec l’Art Center College of Design de Pasadena (California), une école de design qui rafle année après année les prix les plus prestigieux et surpasse tous ces rivaux mondiaux par le nombre de récompenses gagnées au fil des années. Le but de ces 4 jours de travail intense était de créer un nouveau business à partir d’une idée de départ commune à tous les participants. Je restais dubitatif par rapport aux méthodes employées (avant de les utiliser moi-même) mais ce que je peux affirmer à l’issue de ces 4 jours c’est que cela marche vraiment.

 

Un processus de création en 4 phases

Le processus de création est divisé en quatre phases : comprendre la situation de départ et ses implications, penser différemment, enrichir les idées et les combiner pour créer plus de valeur ajoutée, créer un système intégrant la ou les idées dans un contexte commercial.

Ce qui m’a tout d’abord surpris c’est de constater que les techniques utilisées dans les deux premières phases sont également celles auxquelles les bons marketers ont recours : décrire le parcours client, utiliser l’ethnographie pour se plonger dans le monde du client, intégrer les tendances globales, s’inspirer de secteurs connexes ou partageant la même typologie de clients. Ces techniques sont souvent mises en avant dans les présentations commerciales mais je dois bien avouer que je les ai rarement vu appliquées consciencieusement dans la réalité. Ce qui par contre a été une totale nouveauté pour moi c’est l’utilisation qui est faite des visuels, de la représentation graphique d’un problème client et de la réalisation de prototypes (que les designers appellent également « fast fail prototypes » quand il s’agit de tester la faisabilité d’une idée).

Cette utilisation de techniques alternatives de réflexion est un manque criant dans les pratiques marketing d’aujourd’hui. Nous sommes habitués à penser plutôt qu’à dessiner, à bâtir des hypothèses plutôt qu’à chercher à les confirmer ou infirmer. Je pense que cette habitude est en partie causée par la perception qu’ont les clients d’une agence de marketing, ou plus généralement de la perception que les marketers donnent d’eux-mêmes.

STOPPONS L’USINE A POWERPOINT

Nous sommes beaucoup trop sérieux et nos résultats seraient sans doute meilleurs si nous osions arrêter l’usine à Powerpoint. Le lien avec ce qui précéde peut ne pas paraître évident mais ce que je veux dire c’est que la plupart des marketers aujourd’hui comprennent leur métier comme étant lié à la production de diapos powerpoint.

Ce problème est cependant ancré dans les pratiques commerciales de notre temps (toutes mes félicitations à Bill Gates) et les diapos powerpoint sont devenus un OUTPUT naturel de beaucoup d’entreprises. La question suivante mérite dès lors d’être posée : quelle valeur représente un powerpoint pour celui qui paye la facture ? Je veux parler ici du client final (en B2C comme en B2B), celui qui paye la facture mais paye aussi nos salaires.

Ce workshop a le mérite de me faire réfléchir sur mes propres pratiques et sur la valeur de ce qui est transmis au client. J’ai peur toutefois de rencontrer certaines résistances si j’annonçais demain à nos clients que nous arrêtons de donner une présentation powerpoint dans le cadre de nos missions . Certains clients, plus tolérants et curieux que d’autres pourraient l’accepter sans problème, mais la plupart auront du mal à sortir de leur zone de confort

Mon avis :

Nous croyons en l’écrit. L’écrit est sacré.

Pourtant l’écrit a depuis longtemps montré ses limites en matière de communication. Ecrire est devenu terriblement aisé dans notre communication de tous les jours et a perdu de son efficacité. L’écrit présente cependant l’avantage de rassurer et les cultures où la prise de risque est moins acceptée continueront de se tourner vers ce medium. Eviter les risques mène toutefois à la paralysie et n’a jamais permis d’innover. Rappelez-vous qu’Edison a du échouer des milliers de fois avant de trouver la formule magique qui l’a rendu célèbre.



Publié dans Innovation.

2 commentaires

  1. Cette idee cadre parfaitement avec avec la theorie « lean startup » et le startup weekend qui aura lieu a liege les 9-10-11 novembre prochains. A bon entendeur… 😉

  2. Oui je partage en partie l’idée que la production de PPT est une usine à consommer du temps souvent stérile, à mettre en avant des compétences finalement répandues en entreprise au détriment de l’engagement relationnel. Ainsi le PPT est souvent une bouée de secours quand il soutient une prestation orale, voire un moyen de ne pas faire de présentation orale quand il est adressé en lieu et place de cet échange oral.

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