28 septembre 2016 958 mots, 4 min. de lecture

Mes lectures estivales : du bon, de l’excellent et du moins bon

Par Pierre-Nicolas Schwab Docteur en marketing, directeur de IntoTheMinds
L’été est généralement le temps pour moi de redonner un petit coup de boost à mon potentiel créatif (je sais ça fait pompeux) et me préparer à attaquer la seconde partie de l’année. Lire des livres à la chaîne est […]

L’été est généralement le temps pour moi de redonner un petit coup de boost à mon potentiel créatif (je sais ça fait pompeux) et me préparer à attaquer la seconde partie de l’année. Lire des livres à la chaîne est une technique que j’apprécie.
Cette année, mon bien-aimé Kindle m’a accompagné partout avec quelques titres bien choisis. Certains d’entre eux m’ont inspiré, d’autres moins. Voici la liste de mes lectures estivales et mes commentaires. Comme vous le verrez, mes lectures étaient très orientées Big data cette année, tendances de marché et missions en cours obligent.

Eli Pariser: « The filter bubble »

Je n’ai découvert le livre d’Eli Pariser que récemment. Je connaissais déjà le concept de bulles de filtres à travers le travail de Channel 4 sur les algorithmes de recommandation et la tentative de s’extraire de ces bulles.

Le livre de Pariser est important parce qu’il a été le premier à attirer l’attention du public sur un sujet apparemment complexe: l’influence des algorithmes sur nos vies, nos choix, et en particulier la façon dont ils limitent notre capacité à apprendre de nouvelles choses. Lorsque Pariser a publié son livre en 2011, sa vision a permis d’engager un débat sur l’éthique algorithmique et le tracking des utilisateurs. Dans mon travail à la RTBF et à l’UER ces questions nous amènent à réfléchir sur la façon dont les algorithmes que nous concevons doivent être ajustés pour refléter les valeurs du service public.

Classement personnel (de 1 à 5 points, 5 étant le meilleur): 5

Kevin Kelly: « What technology wants »

Quel livre! Au bout de 20 pages j’ai ressenti l’envie de dire à son auteur tout le bien que je pensais. Kelly développe l’idée d’un « technium », un système basé sur toutes les technologies existantes et qui apprend d’elles pour se développer et se renforcer. Ce Technium permet à l’innovation de se développer et assure la perméabilité des inventions d’un secteur d’activités à l’autre. Toute invention, d’après Kelly, n’existe que grâce à d’autres inventions antérieures qui ont fleuri dans différents domaines. «Where good idead come from » de Steven Johnston est un autre essai qui prouve, en prenant notamment l’exemple de l’imprimerie par Gutenberg, que les idées se diffusent et que cette pollinisation est bénéfique. De là à dire que la pollinisation apporte les plus grandes innovations il n’y a qu’un pas.

Kelly fait également valoir que construction et destruction alternent, dans une dynamique qui est globalement positive. C’est l’excédent de « construction » qui explique, qu’au fil du temps, les choses changent. Une citation Zalman Schachter-Shalomi me semnble ici très à propos (traduction libre) :

Il y a plus de bien que de mal dans ce monde, mais pas de beaucoup

L’autre argument très convaincant que Kelly fait valoir est que les inventions ont un caractère inéluctable. Elles peuvent être attendues. Cette idée est également partagée par Johnston. Kelly les appelle des «inventions simultanées». Voici un exemple parmi d’autres : Edison est passé à la postérité en inventant l’ampoule électrique mais il était en fait en concurrence avec plusieurs autres inventeurs qui tous, en même temps, convergeaient vers la même idée. L’Histoire n’aura retenu au final que le nom d’Edison. Une fois que le Technium est prêt d’après Kelly les innovations sont prêtes à « éclore » simultanément ici et là.

Classement personnel : 5

Jean-Philippe Postel, « L’affaire Arnolfini »

Ce livre n’a rien à voir avec l’informatique, le business ou l’innovation. Il traite d’Art mais offre des enseignements profitables à tous. L’auteur y propose une réinterprétation d’une peinture célèbre: le portrait des époux Arnofilni accroché aux cimaises de la National Gallery de Londres.

L’auteur se penche sur les détails de cette peinture, décortique la composition, réinterprète les codes du tableau à l’aune de l’époque moyenâgeuse, et nous propose une lecture nouvelle. Les détails qu’il analyse deviennent progressivement cohérents, s’emboîtent comme dans un puzzle, et offrent au lecteur une interprétation inattendue du tableau.

J’ai appris beaucoup sur la tableau lui-même, sur les codes et les croyances du Moyen-Age ; mais ce livre offre également une leçon plus globale. J’ai appris que le regard doit aller au-delà de la superficialité, doit s’exercer attentivement pour percer le mystère des choses. Comprendre exige un effort auquel nous devons nous astreindre chaque jour. Voici  à mon avis la leçon la plus importante de ce livre.

classement personnel : 4.5

« The googlization of everything » par Siva Vaidhyanathan

J’ai eu du mal à lire ce livre. L’auteur y développe une vision assez machiavélique de Google et tente de montrer que Google est un monstre prêt à avaler les institutions publiques, les entreprises et dans une certaine mesure les citoyens. Même si je suis d’accord sur le fond avec beaucoup des arguments avancés dans ce livre (par exemple le fait que la présence de Google sur certains marchés retarde l’innovation et les investissements, ou encore l’analogie avec la théorie du contrôle social de Foucault), je trouve que la structure du livre laisse à désirer. Certains liens logiques manquent et j’attendais une analyse moins partiale de la situation.

classement personnel: 2.5

 

Image: shutterstock



Publié dans Innovation, Marketing.

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