9 novembre 2016 601 mots, 3 min. de lecture Dernière mise à jour : 27 octobre 2023

Confitures Re-Belle : un projet éthique contre le gaspillage alimentaire

Par Pierre-Nicolas Schwab Docteur en marketing, directeur de IntoTheMinds
Voici un très beau projet que nous avons découvert au SIAL 2016: des confitures à base de fruits et légumes invendus ou retirés des rayons. Ce projet s’inscrit dans dans le prolongement d’une tendance qui a émergé en 2014 quand […]

Voici un très beau projet que nous avons découvert au SIAL 2016: des confitures à base de fruits et légumes invendus ou retirés des rayons. Ce projet s’inscrit dans dans le prolongement d’une tendance qui a émergé en 2014 quand Intermarché a commencé à vendre ses fruits et légumes « moches », c’est-à-dire des fruits et légumes qui n’auraient pas pu être vendus en grande surface en raison de leur aspect extérieur non conforme aux standards imposés par la GMD (Grande et Moyenne Distribution). Cette tendance existe toujours et d’ailleurs, du 25 Octobre au 6 Novembre, Intermarché mettra en vente des boîtes de conserve « moches », faites avec des haricots et des carottes aux qualité esthétiques discutables.

Les projets Re-Belle et Disco Soupe

Le projet des confitures Re-Belle a été initié par Colette Rapp qui est également impliquée dans Disco Soupe. Disco Soupe est un mouvement citoyen qui vise à nous sensibiliser sur le gaspillage alimentaire et à le diminuer grâce à l’utilisation de légumes et de fruits invendus qui, sans intervention, auraient été jetés.
Le mouvement Disco Soupe est né à Paris en Mars 2012 et s’est depuis étendu à plusieurs autres pays où les gens se rassemblent, récupèrent et cuisinent légumes et fruits invendus ensemble, avant de les redistribuer à leurs concitoyens.

Dans ce modèle citoyen les actions sont initiées par des individus. Cette dépendance a naturellement certains désavantages. L’élan citoyen à l’origine des évènements ne permet pas de se projeter dans un modèle « scalable » où les fruits et légumes invendus seraient récupérés systématiquement pour être revalorisés. Voilà sans doute le fossé que les confitures Re-Belle essayent de remplir en mettant en place une chaîne d’approvisionnement pérenne et des produits pouvant générer des ventes récurrentes. En outre, la collecte, le tri et la ré-utilisation des fruits et légumes permet de créer des emplois pour les moins qualifiés.

Les confitures Re-Belle

Les confitures sont produites par un traiteur (Baluchon à Romainville en banlieue parisienne) qui exploite la marque Re-Belle. Sur une base hebdomadaire 300 kg de fruits et légumes sont récupérés et 75% du volume peut être revalorisé.
Les confitures sont cuites dans une Ancienne cuisine collective d’école, récupérée par la mairie, et utilisée également par un traiteur solidaire. Actuellement les produits sont disponibles dans 15 magasins indépendants à Paris et 20 magasins Monoprix (voir la liste ici).

Notre point de vue

Ce projet est une très belle initiative. Difficile de dire le contraire. Il mériterait cependant un meilleur marketing, en particulier en ce qui concerne la vente en supermarchés où l’offre pléthorique risque de le noyer dans la masse. En supermarché il faut en effet savoir que les décisions d’achat se prennent en une fraction de seconde et que l’étiquette joue un rôle prépondérant dans la « découvrabilité » du produit. Le critère de différenciation doit donc être extrêmement clair pour le consommateur, ce qui n’est pas le cas ici. Si vous ne regardez que l’étiquette vous n’y verrez qu’une confiture parmi d’autres. Re-Belle a oublié de mettre en avant ses caractéristiques uniques : le goût bien sûr (rappelez-vous que le plaisir est le critère de choix numéro 1 et un important prédicteur de la satisfaction client et de sa fidélisation) et les aspects éthiques du projet.



Publié dans Marketing.

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