7 janvier 2019 1577 mots, 7 min. de lecture

Réflexions sur l’avenir : ces 3 facteurs garantiront votre employabilité

Par Pierre-Nicolas Schwab Docteur en marketing, directeur de IntoTheMinds
En cette fin d’année 2018 je prends le temps de reposer mon esprit et de réfléchir à ce dont l’année 2019 et les suivantes seront faites. La période de Noël m’apparaît désormais comme le seul répit annuel pour faire un […]

En cette fin d’année 2018 je prends le temps de reposer mon esprit et de réfléchir à ce dont l’année 2019 et les suivantes seront faites. La période de Noël m’apparaît désormais comme le seul répit annuel pour faire un peu de prospective, pour réfléchir et envisager le futur; le futur des marchés et celui des entreprises bien entendu mais également celui de ceux qui composent cet écosystème marchand dont les fondations m’apparaissent de moins en moins solides.
Il ne vous aura pas échappé que le rythme des entreprises s’accélère et avec lui la pression sur les gestionnaires et les employés. La productivité et le bien-nommé « court-termisme » sont devenus indissociables de la course au rendement ce qui se caractérise par une volatilité sans précédent sur les marchés d’une part, et par un mouvement généralisé de l’être humain vers une fragmentation de ses tâches d’autre part. La multiplication des terminaux mobiles, l’hyper-connectivité, asservissent l’être humain qui se plaît à croire que la parallélisation de ses tâches lui permettra de rattraper le rythme fou imposé par l’entreprise.

Étant moi-même victime de cette course démoniaque et avilissante, c’est des opportunités représentées par un nouveau besoin que j’aimerais vous entretenir dans mon billet d’aujourd’hui. J’y aborde en premier lieu ce dont nous sommes tous à court, le temps, pour ensuite expliciter comme notre désir d’hyper-productivité et d’hyper-connectivité a en fait produit les effets inverses. Enfin j’aborde les 3 facteurs indispensables pour garantir son « employabilité », c’est-à-dire sa capacité à conserver un emploi et à trouver sa place dans le monde du travail de demain.

Sommaire

Le temps est ce dont nous manquons tous

Le prophétique ouvrage de Jacques Attali « Une brève histoire du futur » démontre clairement que le progrès technologique peut tout apporter en quantités de moins en moins limitées, sauf le temps. Le temps est la denrée la plus rare dont l’être humain dispose. Cette rareté est inscrite dans la brièveté même de l’être humain, dans la fugacité de la vie. Il n’est dès lors pas étonnant que nous devenions boulimiques de connexions multiples rendues possibles par la virtualisation des relations.
Si les progrès de la médecine rendent possible l’allongement de la vie, il est peu probable que les conditions de cette fin de vie soient propices à la productivité requise par la société. Le temps productif est donc une quasi constante qui nous pousse à vouloir réaliser de plus en plus dans le moins de moins de temps possible.

A retenir

La société capitalistique pousse l’être humain à faire de plus en plus au sein d’une même unité temporelle. A l’image d’une production à la chaîne, on assiste à une mécanisation de la pensée. Les applications et autres gadgets technologiques dont nous sommes entourés découpent notre temps productif en petites unités et nous poussent à les remplir. Nos comportements changent. Handicapés par la technologie nous devenons incapables d’utiliser nos capacités cognitives à bon escient et en sommes réduits à l’exécution de tâches à faible valeur ajoutée. L’effort créatif devient hors de portée. La singularité de l’être humain, son cerveau, se perd dans un abîme de futilités.

Notre cerveau est sur-stimulé

Dans le domaine de la publicité on avait coutume de dire que le consommateur était soumis chaque jour à 4000 stimuli publicitaires. C’était il y a bien longtemps, avant l’avènement d’internet et du smartphone. Ces stimuli, fixes dans leur forme (affiches, magazines, …) ne provoquaient une réaction que lorsqu’elles étaient vues pour la première fois. Le cerveau conservait cette possibilité extraordinaire de s’en désintéresser, préservant ainsi l’intégrité de nos facultés cognitives.
Si internet a changé la donne ce sont les smartphones qui ont véritablement sonné le glas de notre concentration. Les notifications mobiles en particulier sont des pièges redoutables. Les notifications, ces pièges, possèdent en effet des caractéristiques qui nous empêchent de nous en défaire :

  • elles peuvent changer de forme : tantôt visuelles, elles peuvent devenir vibration ou sonore, empêchant notre cerveau de faire abstraction de ces distractions à faible valeur ajoutée
  • elles peuvent changer de fréquence : imprévisibles, les notifications sont un adversaire que notre cerveau ne peut combattre. Comment éviter de prêter attention à un stimulus auquel vous ne parvenez pas à vous habituer ?

Les notifications fatiguent le télencéphale, le sollicitant en permanence sans que ce dernier puisse se relayer sur le cervelet. Le télencéphale, siège de la pensée consciente, se décharge en effet sur le cervelet pour les actions habituelles, gardant ainsi de l’énergie pour les processus cognitifs les plus complexes. Résultat des courses : il nous est de plus en plus compliqué de nous concentrer, de réaliser des tâches complexes, de résister aux besoins de se distraire en regardant son smartphone de manière compulsive.

Chiffres clés

  • environ 60 : le nombre de notifications mobiles reçues chaque jour
  • 23 minutes et 15 secondes : le temps nécessaire pour se reconcentrer après avoir été dérangé par une notification

3 facteurs qui conditionneront les emplois de demain : concentration, compétences, curiosité

Sous prétexte de productivité, cette dernière s’est en fait réduite à peau de chagrin à cause des distractions incessantes et incontrôlables que nous offrent la technologie. Le smartphone incitant au multitasking, les notifications qui perturbent notre concentration sont autant d’ennemi à combattre pour redonner à notre cerveau la liberté de penser et de créer. La création est en effet le propre de l’homme et peut-être l’unique part d’Humain non aliénable par la technologie. L’être humain ayant inventé l’intelligence artificielle, l’intelligence artificielle étant le fruit de l’intelligence et de la créativité humaine, elle ne pourra jamais supplanter l’homme dans sa capacité à créer l’unique, à faire des bonds en avant. La créativité doit être protégée, sanctuarisée.
C’est la raison pour laquelle je suis intimement convaincu que les grands gagnants de demain seront ceux qui parviendront à maintenir intacte leur capacité de création. Ceci sera possible par la convergence de 3 facteurs :

Capacité retrouvée à se concentrer

La déconnexion jouera ici un rôle majeur. La capacité à résister aux tentations numériques devra être apprise et je suis persuadé que cela représente une formidable opportunité business. Tout reste ici à créer : stages de maîtrise numérique de soi, technologies de contrôle et de surveillance permettant de « nudger » positivement les comportements, dispositifs d’isolement … la libération du joug de la technologie sera l’occasion pour une nouvelle classe d’entreprises de réinventer la créativité et de trouver, dans les côtés négatifs du progrès, un nouveau relais de croissance auprès de ceux qui auront compris que la créativité constituera un critère d’employabilité de demain.

Compétences transversales

En termes d’expérience métier, plus que jamais les entreprises auront à l’avenir un intérêt particulier à recruter celles et ceux dont l’expérience métier sera riche de connaissances acquises dans différents domaines et secteurs. Le temps du recrutement de profils issus d’un secteur donné est révolu (en tout cas pour les postes à responsabilité). Il existe une nécessité impérieuse de « faire des connexions » entre secteurs d’activité, entre disciplines, qu’une carrière linéaire ne pourra plus satisfaire. L’avenir sera aux nomades de l’entreprise (freelances et consultants en particulier) qui seront à même, grâce à leurs expériences croisées, de créer et d’innover en empruntant à d’autres secteurs d’activités des éléments d’innovation et en les recombinant.

Capacité à la curiosité

Je constate avec désarroi que la volonté de se confronter au nouveau, à apprendre de nouvelles compétences, reste marginal dans notre société. Certes Internet est une fenêtre sur le monde. Mais regardons-nous vraiment l’ensemble de ce qu’il nous est donné à voir ? Le danger des bulles de filtres est permanent et notre regard nous porte immanquablement vers ce que nous savons déjà, pire vers le divertissement avilissant qui qui tournant en boucle nous fait gâcher la plus précieuse des ressources : le temps. Pour forcer la curiosité les emplois de demain seront en priorité réservé à celles et ceux qui parviendront à démontrer leur capacité d’étonnement et leur propension à rester curieux. Nomadisme, voyages d’études, preuves tangibles de cette curiosité (blog, vidéos, podcasts) seront autant d’éléments valorisés par des employeurs qui demain seront à la recherche de talents sous des formes de plus en plus diverses.

A retenir

3 caractéristiques (les 3C) seront le ciment des emplois de demain :

  • concentration : capacité à résister aux tentations numériques pour retrouver la productivité d’antan
  • compétences transversales : capacité à démontrer des parcours professionnels à travers des métiers et des secteurs variés
  • curiosité : capacité à apprendre en permanence

Images : shutterstock



Publié dans Divers.

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