8 janvier 2014 782 mots, 4 min. de lecture

Johnny Thijs : la Belgique perd un champion du secteur postal

Par Pierre-Nicolas Schwab Docteur en marketing, directeur de IntoTheMinds
Les débats des politiciens sur le salaire du CEO de bpost vont priver la Belgique d’un gestionnaire hors-pair qui a redressé l’entreprise de main de maître. Comme notre article le révèle, Johnny Thijs a surclassé grâce à ses résultats tous […]

Les débats des politiciens sur le salaire du CEO de bpost vont priver la Belgique d’un gestionnaire hors-pair qui a redressé l’entreprise de main de maître. Comme notre article le révèle, Johnny Thijs a surclassé grâce à ses résultats tous les principaux opérateurs postaux en Europe .

Un débat politique

Le 23 décembre 2013 Johnny Thijs, le CEO de l’opérateur postal belge bpost, a annoncé qu’il ne serait pas candidat à un troisième mandat en tant que PDG.

Cette annonce fait suite à une période de discussions contradictoires au niveau politique sur la rémunération d’un patron d’entreprise (semi) publique.

Bien que cette décision ait été attendue (que ferait une personne normale si son salaire était réduit de moitié ?) elle a néanmoins créé un choc : parmi les employés, mais aussi parmi les citoyens ordinaires qui ne comprennent pas pourquoi les politiciens belges se comportent de la sorte et poussent au final Johnny Thijs vers la sortie.

Chose intéressante les tweets qui ont immédiatement suivi la décision de Johnny Thijs ont vertement critiqué les politiciens mais pas Johnny Thijs qui, fort de son bilan de 12 années à la tête de bpost, a été relativement épargné. La question de son salaire revenait d’ailleurs rarement de manière critique, signe sans doute qu’il était parfaitement à la hauteur des réalisations du top manager belge.

Une comparaison des opérateurs postaux en Europe

Le secteur postal a connu des changements spectaculaires au cours des dernières années. Les situations de monopole ont été interdites, le commerce électronique a pris son envol et les email ont remplacé (seulement en partie) le courrier postal. Il fallait être fort pour traverser indemne tous ces changements et comme vous le verrez dans les graphiques ci-dessous tous les opérateurs postaux n’ont pas connu le même succès .

Pour effectuer cette comparaison, nous avons choisi d’analyser les chiffres de bpost et de les mettre en regard des 4 principaux opérateurs postaux en Europe (Royal Mail, Deutsche Post, La Poste, Poste Italiane) et avons ajouté Swisspost. PostNL (Pays-Bas) a été exclu de la comparaison car les chiffres d’avant 2010 étaient ceux de TNT ce qui aurait conduit à des difficultés d’interprétation.

Les revenus sont stables dans l’ensemble, mais pas les bénéfices d’exploitation

La première chose que vous pouvez voir sur l’évolution du chiffre d’affaires au cours des 5 dernières années (période 2008-2012) c’est que le secteur postal est une industrie mature aux revenus très stables. Deutsche Post est une exception car l’opérateur allemand a effectué plusieurs changements structurels autour de 2007, qui expliquent les grandes variations dans les revenus et les bénéfices d’exploitation.

En ce qui concerne les bénéfices d’exploitation , les mêmes conclusions s’appliquent : ils sont stables au mieux ou légèrement à la baisse. Pourtant tous les pays ne sont pas égaux en termes de volumes et les différences sont à peine visibles à l’échelle de ce graphique où tout se retrouve un peu écrasé. Par contre dès que les marges d’exploitation sont comparées vous y verrez beaucoup plus clair.

Bpost champion de la rentabilité

Le graphique ci-dessous montre sans aucune ambigüité que bpost est un champion hors catégorie en termes de rentabilité. L’opérateur postal belge surpasse tous ses concurrents, que ce soit en valeur absolue ou en tendance.

Ce qui est encore plus impressionnant, c’est de voir comment bpost est passé d’une organisation non rentable (avant l’ère Johnny Thijs) aux sommets de rentabilité actuels.

Cette évolution positive et régulière a permis à Johnny Thijs de gagner ses galons et de se forger la réputation d’un manager de très haut niveau.

Conclusion

Pas besoin de revenir sur le passé. Johnny Thijs a pris sa décisions et il sort la tête haute.

Le problème est que la régularité de ses résultats a forgé des attentes de la part des marchés financiers. Ces derniers verront un nouveau directeur général comme un risque d’instabilité et les 12 prochains mois (jusqu’à ce que le prochain rapport annuel soit publié) seront cruciaux pour les rassurer (ou pas).

Une chose est sûre cependant. Le secteur postal (et de la logistique en général) est très particulier et bpost aura besoin d’un CEO ayant une profonde expérience de terrain afin de gagner la confiance du marché financier.



Publié dans Marketing, Stratégie.

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