27 février 2017 677 mots, 3 min. de lecture Dernière mise à jour : 8 novembre 2023

J’ai enfin trouvé une application de réalité virtuelle qui sert à quelque chose

Par Pierre-Nicolas Schwab Docteur en marketing, directeur de IntoTheMinds
J’ai souvent été déçu par les applications de réalité virtuelle (Virtual Reality ou VR en anglais). A l’instar de l’IoT (Internet of Things) la plupart des applications de réalité virtuelle n’ajoutent pas ou peu de valeur pour l’utilisateur. L’effet divertissant […]

J’ai souvent été déçu par les applications de réalité virtuelle (Virtual Reality ou VR en anglais). A l’instar de l’IoT (Internet of Things) la plupart des applications de réalité virtuelle n’ajoutent pas ou peu de valeur pour l’utilisateur. L’effet divertissant est certes là mais il est loin d’être suffisant pour convertir l’utilisateur à un usage régulier. La fidélisation n’est pas aussi simple à créer.

Lors de ma dernière visite à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), j’ai eu l’occasion de visiter rapidement l’exposition Pierre Soulages qui se tenait à l’Art Lab. Cette exposition, comme je l’écrivais dans un billet précédent, poursuivait un but muséologique au-delà de la rétrospective de l’Å“uvre de Soulages. A côté des peintures de Soulages, l’EPFL avait en effet mis en place divers équipements (technologiques et moins technologiques) pour mieux comprendre le travail de l’artiste dont la peinture n’est pas toujours facile d’accès. La réalité virtuelle en faisait partie.
Je vais garder les considérations relatives à la réalité virtuelle pour la fin et vais commencer avec deux dispositifs éducatifs que j’ai trouvé très intéressants :

  • Le premier consistait en un mur avec les différentes nuances de noir utilisées par Soulages et les matériaux utilisés pour produire chaque ton. Difficile de dire ensuite qu’il n’y a qu’un seul noir.
  • Un mur recouvert d’une myriade de plaques métalliques rondes qui imitent les effets de lumière que Soulages voulait produire dans ses tableaux

La réalité virtuelle était présente dès l’entrée de l’exposition où 3 « casques » de réalité augmentée trônaient devant un mur blanc (quelle ironie pour une exposition sur les Outrenoirs de Soulages). Sur le côté droit de chaque casque se trouvait un bouton rotatif. Après avoir placé vos yeux à hauteur du casque et vous être habitués à l’immersion en 3 dimensions, un texte en caractères blancs flottant au-dessus d’une peinture de Soulages apparaissait. En tournant le bouton dans le sens des aiguilles d’une montre le texte s’ouvrait comme par magie, vous laissant dès lors pénétrer à l’intérieur de la peinture! Plus vous tourniez, plus vous vous rapprochiez de la couche picturale et des aplats de peinture. Ce n’était plus une peinture que vous aviez devant les yeux. C’était un nouveau territoire qui s’offrait à vous, vierge, inexploré, une nouvelle planète, de couleur noire, toute en relief. L’amateur d’Art se transformait alors en explorateur, stupéfait par les effets de lumières produits sur ce monde noir.

L’expérience était absolument étonnante et qui ajoutait une vraie valeur pour le visiteur. La réalité virtuelle permettait de transcender la simple contemplation pour révéler tout le caractère tridimensionnel de l’Å“uvre de Soulages. On peut toutefois s’interroger sur la place, à l’entrée de l’exposition, de la réalité virtuelle. N’aurait-il pas été plus opportun de laisser d’abord le visiteur découvrir « superficiellement » l’Å“uvre de Soulages avant de l’y faire pénétrer ? Ne risque-t-on pas de diminuer le plaisir du visiteur en lui révélant tout de suite le génie de Soulages ?

Quoi qu’il en soit, sachez que la technologie derrière cette application de réalité virtuelle a été développée par une startup suisse, basée à Lausanne et qui collabore avec l’EPFL, ArtMyn. Leur savoir-faire repose sur l’utilisation d’un équipement spécial pour numériser une oeuvre sous différentes conditions d’exposition lumineuse afin de créer ensuite un rendu 3D de l’objet analysé. Cette technologie, mis à part les effets de lumière, est comparable à celle qui était utilisée par Twinkind, une start-up berlinoise que nous avions rencontrée il y a quelques années et qui utilisait des centaines de photos numériques pour recréer un objet en 3D (Twinkind a malheureusement fait faillite en Juin 2016).



Publié dans Innovation, Marketing.

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